Internet : des mineurs de plus en plus connectés, au risque de la pornographie

La jeune génération, née avec internet, est aujourd’hui hyper-connectée. Or le web donne accès à un nombre incalculable de contenus, dont certains sont inadaptés aux mineurs. Une tendance contre laquelle se battent certaines associations, à l’image d’Ennocence. 

Une étude réalisée par le spécialiste de la sécurité informatique BitDefender s’est penchée sur l’usage d’internet par les enfants. Elle renseigne le temps passé par les enfants et adolescents sur des appareils connectés à Internet en se basant sur les données collectées à partir des comptes utilisateurs de son service de contrôle parental. Il apparait qu’un mineur sur sept possède à la fois un smartphone et un ordinateur.

Cette étude souligne que plus les enfants grandissent, plus ils passent de temps en ligne. En moyenne, à 5 ans, un enfant est connecté près de 3 heures par jour. Une durée qui passe à 5 heures pour un adolescent de 17 ans. Plus inquiétant : une étude de Kasperky Lab, société privée spécialisée dans la sécurité des systèmes d’information, révélait en 2016 que 51% des enfants estiment avoir les connaissances et les compétences nécessaires pour cacher leur « cybervie » à leurs parents. 15,5 % savent même déjà cacher leur adresse IP.

Internet « en roue libre »

« Comme nous en sommes à la première génération native véritablement numérique, il est très facile pour les enfants d’aujourd’hui de trouver leur chemin dans les coins sombres d’Internet ou d’être exposés à tous les contenus, quel que soit leur âge », déplore Tanguy De Coatpont, Directeur Général de Kaspersky Lab France. Seulement, certains territoires du web regorgent de publicités et d’images images X incitant à surfer sur des sites pornographiques. Un risque auquel les enfants ne sont souvent pas préparés. Or, le risque de tomber sur de la pornographie est particulièrement élevé via le streaming illégal (52% des expositions chez les mineurs).

Le streaming vidéo représenterait aujourd’hui 91% du trafic Internet mondial, selon l’OCDE (streming d’évènements sportifs, de séries, de films, les usages sont variés). Une tendance qui inquiète les parents ; 55 % d’entre eux pensent que leurs enfants regardent quasi-quotidiennement des vidéos sur des sites de streaming et de téléchargement illégaux, comme le révèle une étude Opinion Way.

Quelles solutions au niveau politique ?

À quinze ans, 35% des enfants ont déjà été exposés à un contenu pornographique. Plus inquiétant encore, 14% des 9-16 ans auraient surfé sans le vouloir sur des pages pour adultes. « L’industrie du porno en ligne a mis en place une stratégie marketing très féroce en forçant les internautes, via ces sites de streaming, à consulter des images pour adultes », dénonce Gordon Choisel, président d’Ennocence, une association qui lutte contre les risques d’exposition des enfants à la pornographie en ligne.

« Il est impensable d’afficher dans nos rues et librement pornographie et images violentes, il est grand temps de considérer le web comme l’Agora qu’elle est. Un espace public à encadrer pour protéger nos concitoyens, jeunes ou moins jeunes » souligne Brigitte Lahaie, porte parole d’Ennocence. Mais ces sites sont très majoritairement domiciliés à l’étranger, et, en l’état, le droit ne permet pas de les fermer où même d’en restreindre l’accès en France. Aussi l’association Ennocence, comme d’autres associations qui militent pour améliorer la protection de l’enfance, sensibilise les acteurs publics pour qu’ils s’emparent enfin sérieusement de cette question.

L’ex-ministre des Familles, Laurence Rossignol, avait fait part ces derniers mois de sa volonté d’améliorer la protection des mineurs face aux contenus pornographiques sur internet. Dans une interview au Figaro, elle avait expliqué souhaiter qu’un contrôle parental soit « installé par défaut sur les ordinateurs et les téléphones. Ce serait aux utilisateurs qui n’en ont pas besoin de le désactiver, et non l’inverse ». Pour Numerama.com, le risque est de mettre le doigt dans l’engrenage, « car la solution du blocage par défaut de la pornographie, via un contrôle parental déployé à l’échelle de tout un pays, en l’occurrence la France, pourrait inspirer le législateur pour étendre la mesure où d’autres contenus jugés indésirables ». Mais dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire. Et ce sera maintenant à la nouvelle Secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, ne reprendre le dossier en main.

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