Quibi, chronique d’un crash… annoncé

Il y a six mois, toute l’Amérique de la Tech avait les yeux rivés sur Quibi, le nouveau venu sur le marché du streaming. Mais le confinement et un mauvais positionnement ont tué dans l’oeuf cette nouvelle application qui devait révolutionner notre quotidien.

Sur le papier, l’idée était bonne : une application de streaming de type Netflix ou Disney +, mais spécialisée dans les contenus vidéo de courtes durées, avec des épisodes durant entre 5 à 10 minutes, à « consommer » entre deux stations de métro ou de bus. Mais le 21 octobre dernier, l’entreprise annonçait officiellement qu’elle déposait le bilan… Comment expliquer un tel crash ?

Pour financer ce projet, le magnat Jeff Katzenberg n’avait pourtant pas lésiné sur les moyens : près de 1,7 milliard de dollars avaient été mobilisés auprès d’investisseurs pour financer les 175 programmes découpés en 9.600 épisodes de 4 à 10 minutes qui devaient être lancés au cours de la première année.

Mais Quibi a multiplié les erreurs, d’abord en misant sur un tarif plutôt élevé à 7,99 dollars alors que le positionnement de l’application l’a plaçait en concurrence avec des applications gratuites (TikTok, Instagram…) beaucoup plus qu’avec les autres entreprises de streaming payant. Un prix d’entrée plutôt élevé, pour un abonnement qui s’adressait aux jeunes.

C’est justement cette méconnaissance de la cible (le 15-25ans) qui explique aussi peut-être cet échec : les premières créations originales ont certes, à coup de millions de dollars, été assurées par de grands noms du cinéma comme Steven Spielberg, Benicio Del Toro ou John Travolta… Mais pas de quoi faire rêver la « génération Z ».

Enfin, le confinement a été fatal à Quibi : avec le télétravail généralisé, ce type de contenus calibrés pour être regardés dans les transports en commun n’ont pas su trouver leur public.

Une bonne idée, beaucoup d’argent, mais la mauvaise cible, au mauvais moment.

Pas encore de commentaires

Les commentaires sont fermés