« Choisir d’être mère » : le nombrilisme à portée de tétine

Dans son nouveau livre, « Choisir d’être mère », la journaliste féministe Renée Greusard brosse un portrait apocalyptique de la maternité, accusant la société patriarcale, machiste et misogyne de ne pas avoir su l’a prévenir des inconvénients de la présence d’un enfant dans sa vie. Nombrilisme, bêtise et méchanceté.

On pensait avoir tout vu dans la rubrique des livres dédiées à la dépression post-partum : avec en moyenne 3 ouvrages publiés à ce sujet chaque mois, le rayon de la FNAC ne manquait pas de ressources.

Il est vrai que l’arrivée d’un enfant (voire de plusieurs !) est toujours un bouleversement pour un couple et en particulier pour la mère. À court terme, c’est une vie entière qui est mise entre parenthèses pour un enfant dont l’amour que l’on porte ne compense pas toujours sa petite ingratitude inconsciente. Et sur le long terme, c’est bien toute une existence qui a basculé, l’a consacrant désormais largement au bonheur d’un autre être.

Eh oui, on peut être heureux par l’amour : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » comme on dit dans les actes des Apôtres. Ce n’est pas tous les jours évidents, c’est parfois frustrant, désespérant, enrageant. Il y a des échecs, des peurs et des déceptions. Mais passer sa soirée à rassurer un enfant malade ou qui a fait un cauchemar est un choix de vie infiniment plus utile (à soi et pour les autres) qu’une soixante-quatrième soirée « série Netflix-Deliveroo-Sushis ».

Ne serait-ce que parce que les enfants sont une surprise permanente (bonne ou mauvaise), ils donnent à la vie une saveur unique.

Mais pour la journaliste Renée Greusard, cette saveur à un coût qu’elle refuse de payer. Un choix louable et très compréhensible : après tout, la maternité est un sacerdoce et ce choix n’est jamais anodin.

Seulement voilà : dans son dernier livre, la journaliste accuse la société d’entretenir un « mythe » autour de la maternité : elle cacherait sciemment ses aspects les moins réjouissants pour forcer les femmes à procréer. Interrogée dans les colonnes des Inrocks, Renée Greusard s’explique : « A postériori, je me rends compte que je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Je projetais des choses sur la parentalité: je me voyais faire des goûters pour l’anniversaire de mon fils, lui faire faire l’avion, ou lui donner le sein mais la réalité, c’est que j’ai pleuré tous les jours et que je n’ai pas dormi pendant une longue période! Je ne regrette absolument rien, mais j’ai découvert ce que signifie être disponible pour quelqu’un en permanence, 24 heures sur 24. On envoie les femmes au charbon sans leur dire ce qui les attend. »

Le patriarcat aurait donc caché la vérité à notre petite Renée, alors qu’il lui aurait suffi d’écouter sa mère, sa tante, ses amis déjà parents et ses voisins pour découvrir la réalité.

Une réalité franchement pas très bien dissimulée par ce satané patriarcat : la production culturelle fait son miel (jusqu’à l’écoeurement parfois) des désillusions parentales devant leur progéniture. La série de films « Papa ou maman » avait fait un carton au box-office il y a quelques années en est qu’un exemple parmi des centaines d’autres : oui, parfois, les parents en ont marre des enfants.

Décidément, cette société cache mal la réalité que cette brave Renée semble ne pas avoir vue, ou n’a jamais voulu voir : fonder une famille, c’est parfois difficile, l’eau, ça mouille, le feu, ça brûle. Un douloureux exercice de nombrilisme où l’on comprend vite que le sujet est moins la déprime de la mère que sa propre mise en scène, s’érigeant en victime de la masculinité toxique de la société, voire de son propre enfant.

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