Les Prix Ig Nobel ont primé deux chercheurs américains qui ont mené une étude sur la contribution de l’ail dans l’appréciation par les bébés du lait maternel. Un lait maternel aromatisé à l’ail ferait téter davantage les nourrissons.
Le jeudi 18 septembre, ont eu lieu à l’Université de Boston, aux États-Unis, les Prix Ig Nobel. Cette parodie des célèbres Prix Nobels s’intéressent aux travaux scientifiques insolites, notamment dans le domaine de la nutrition, de la médecine, de la biologie et de la psychologie. Elle vise à faire rire d’emblée, puis à susciter une réflexion plus profonde sur l’expérience proposée.
Le Prix lg Nobel de pédiatrie à deux scientifiques du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie
Pour leur 35e édition, les Prix Ig Nobel ont récompense dix travaux ou initiatives. Dans la catégorie « Pédiatrie », ils ont primé deux scientifiques du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie pour leur étude historique de 1991 sur les arômes, publiée dans Pediatrics. Cette recherche intitulée « L’alimentation maternelle modifie les qualités sensorielles du lait maternel et le comportement du nourrisson » a été menée par Julie A. Mennella et son mentor postdoctoral de l’époque, Gary K. Beauchamp.
L’étude a porté sur huit mères allaitantes qui ont pris des gélules d’ail
Cette étude suggère que lorsque les mères allaitantes mangent de l’ail, leur lait maternel prend l’arôme de ce légume et, contrairement aux idées reçues de l’époque, les bébés l’apprécient. Lors de l’expérience, les nourrissons tétaient plus longtemps quand le lait sentait l’ail que lorsqu’il était fade et sans ail. Dans le cadre de ces travaux, Julie Mennella et Gary Beauchamp ont demandé à huit mères allaitantes de prendre des gélules d’ail, puis d’allaiter leurs bébés pour observer leurs réactions. Par souci de rigueur scientifique, ils ont également formé un groupe d’évaluation du lait maternel composé d’adultes afin d’évaluer l’odeur des échantillons de lait maternel.
Les bébés tètent davantage le lait maternel aromatisé à l’ail
Julie Mennella et Gary Beauchamp ont constaté que l’intensité olfactive du lait maternel atteignait son maximum deux heures après l’ingestion des gélules d’ail par la mère, et que le comportement des bébés changeait. En effet, pendant la période où le lait maternel avait un goût d’ail, les nourrissons ont montré un meilleur appétit, ont tété plus longtemps et plus fréquemment le sein de leur mère. Les deux chercheurs expliquent avoir porté leur choix sur l’ail pour ce test parce que, lors d’expériences précédentes, des vaches laitières ayant consommé de l’ail sauvage produisaient un lait qui en conservait l’arôme. « Pourtant, à l’époque, rappelle Mennela, on croyait généralement que le lait maternel devait être fade, et le folklore conseillait aux mères d’éviter l’ail pendant l’allaitement, de peur que leur bébé ne rejette leur lait ».
L’ail conseillé aux mères allaitantes
Cette étude, intéressante à bien des égards, a servi de base au duo de scientifiques du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie. Julie Mennella et Gary Beauchamp ont découvert à leur tour que la consommation d’ail pendant la grossesse modifiait l’arôme du liquide amniotique et qu’une grande variété de saveurs se transmettait aux premiers nutriments de l’enfant. Cette découverte remise au goût du jour incite les mères allaitantes, qui s’inquiètent que leur bébé ne tète pas assez, à manger souvent de cette plante bulbeuse. Mais il sera difficile de convaincre celles qui n’en aiment pas le goût.
D’autres Prix Ig Nobel attribués
Notons que parmi les autres Prix lg Nobel figure le prix de biologie, décerné à des scientifiques japonais qui ont peint des vaches noires japonaises pour qu’elles ressemblent à des zèbres, afin d’échapper aux mouches piqueuses. Leur astuce suggère que la peinture pourrait remplacer les insecticides. Il y a eu aussi le Prix lg Nobels de physique, revenu à une équipe de l’université de Barcelone. Les chercheurs espagnols ont étudié les transitions de phase responsables de la formation de grumeaux dans la sauce italienne cacio et pepe. Ils ont pu formuler une recette qui ne tranche jamais.