L’ostéopathie est-elle dangereuse pour les nouveau-nés ? Après l’Académie nationale de médecine en décembre 2024, la Société française de pédiatrie (SFP) met à son tour en garde les parents contre cette pratique. Elle appelle les autorités à contre-indiquer cette médecine dite douce, en attendant des preuves scientifiques solides de son efficacité sur les nourrissons.
Ces dernières années, l’ostéopathie a pris de l’ampleur en France. Dans toutes les maternités, les jeunes parents se voient systématiquement proposer les services d’un ostéopathe pour leur bébé, nourrisson ou même nouveau-né, suite à un accouchement difficile. On leur recommande cette pratique pour régler divers problèmes : des pleurs incessants, des coliques, de la constipation, des difficultés à téter, des soucis digestifs ou encore un manque de sommeil. Un praticien se trouve même souvent au sein de la maternité pour donner des soins.
Une mise en garde contre l’ostéopathie chez les bébés
Mais le recours à l’ostéopathie pour les nourrissons continue de faire débat dans les cercles médicaux et paramédicaux. Après l’Académie de médecine en décembre 2024, c’est au tour de la Société française de pédiatrie (SFP) de s’inquiéter de l’engouement des jeunes parents pour les soins d’ostéopathie destinés aux enfants. L’association pointe une pratique sans fondement scientifique et potentiellement dangereuse. Elle appelle même à contre-indiquer cette médecine dite douce, face à l’absence de preuves scientifiques solides de ses bienfaits.
Une hausse considérable des praticiens de l’ostéopathie en France
La Société française de pédiatrique déplore que l’ostéopathie soit fréquente dans un pays comme la France, et recommandée par des professionnels de santé. Elle s’inquiète d’autant que cette méthode est en plein essor en France. En 2024, on comptait en Hexagone 40 000 ostéopathes, contre 20 000 en 2014. Dans un communiqué publié le 25 avril 2025, la SFP pense que ces praticiens devraient s’abstenir de faire la promotion de l’ostéopathie, à la fois dans les maternités et sur les réseaux sociaux, en l’absence des preuves de l’efficacité de cette science.
Les signes disparaissent naturellement en grandissant
La société savante avance également que cette pratique ne permet d’ailleurs pas d’éviter les déformations du crâne des enfants comme certains le pensent. Selon elle, « l’ostéopathie crânienne reste un concept trop dogmatique sans explication compatible avec une vraisemblance scientifique ». S’adressant en particulier aux parents, la SFP affirme que les problèmes dont ils s’inquiètent sont « des signes fonctionnels bénins et fréquents ». Et surtout qu’« en grandissant, certains signes présents chez le nouveau-né ou le nourrisson comme les pleurs diminuent naturellement.
Des études contestent les bienfaits de l’ostéopathie
À l’endroit des ostéopathes, la Société française de pédiatrie conseille de surseoir à leurs soins sur les bébés, le temps d’introduire « une méthodologie d’évaluation rigoureuse pour mesurer l’effet et la sécurité de cette pratique ». Pour justifier ses appels, l’organisme cite deux études françaises qui contredisent les bénéfices que l’on accorde à l’ostéopathie pour les bébés et les nouveau-nés. Publiée en 2021 et réalisée par l’équipe de néonatalogie du CHU de Nantes, la première montre que l’ostéopathie n’a aucune influence sur le taux d’allaitement des mères à un mois de vie. Parue en janvier 2025 et conduite par l’équipe du CHU de Montpellier, la seconde montre que les manipulations précoces d’ostéopathie n’ont aucun effet pour prévenir les déformations du crâne.
Les ostéopathes se défendent
Sans surprise, les ostéopathes ont contesté ces affirmations. L’Unité Pour l’Ostéopathie (UPO) rappelle ainsi que la profession est réglementée et encadrée par la directive européenne 2005/36/CE, transposée en France par l’ordonnance n°2008-507. Aussi, elle invite à ne pas confondre cette pratique avec les autres médecines alternatives non réglementées. De leur côté, le Registre des Ostéopathes de France (R.O.F.) et la Société Européenne de Recherche en Ostéopathie Périnatale et Pédiatrique (SEROPP) avaient déjà indiqué en décembre dernier que l’ostéopathie est une méthode qui, « exercée dans un cadre réglementé, apporte des solutions adaptées aux besoins des patients, y compris des plus jeunes ». Le débat continue donc.