Polémique après la démolition de monuments historiques à Saint-Cloud

Pour bâtir une voie piétonne dans l’Ouest parisien, plusieurs bâtiments de la manufacture nationale de Sèvres, classés monuments historiques, sont en train d’être détruit. Les associations de défense du patrimoine et de la nature s’insurgent contre cette décision.

«Le domaine de Saint-Cloud se voit sommé de résoudre la question de l’encombrement automobile et de l’étroitesse des trottoirs d’une route départementale. On touche à un patrimoine doublement national : une manufacture nationale, dans un domaine national. Il n’y a rien, en théorie, de mieux protégé en France». Pour Julien Lacaze, président de l’association Sites & Monuments, la colère est à la hauteur des enjeux.

Au nom d’une « piétonnisation » et d’un accès aux voies cyclables devenues l’alpha et l’oméga des politiques d’aménagement du territoire, le département des Hauts-de-Seine a entamé la semaine dernière la démolition d’un pavillon de garde l’époque de Napoléon III, ainsi que de son enceinte historique et 66 arbres avoisinants. Un pavillon de garde de la manufacture nationale de Sèvres situé à l’intérieur du domaine national de Saint-Cloud, qui va disparaître dans les prochains jours sous les coups des bulldozers.

Le but d’un tel chantier : ces destructions doivent permettre de doubler la départementale D910 d’une voie piétonne…

Mais à Saint-Cloud et dans l’Ouest parisien, les associations de défense du patrimoine se mobilisent et dénoncent la mise en œuvre de ce projet : les associations Sites & Monuments, France Nature Environnement Île-de-France, ARBRES, Groupe National de surveillance des arbres et Environnement 92 ont toutes déclarées leur opposition à cette destruction.

Une destruction qui passe d’autant plus mal auprès des associations que celle-ci est organisée juste avant que le parc de Saint-Cloud devienne officiellement un «domaine national». En rejoignant ce club très fermé dans les prochains mois, le parc de Saint-Cloud rejoindra les 21 autres domaines nationaux, comme Versailles, Fontainebleau au Chambord. Or, en vertu de la loi de 2016 relative à l’architecture et au patrimoine, ceux-ci « ont vocation à être conservés et restaurés par l’État dans le respect de leur caractère historique, artistique, paysager et écologique ».

Dit autrement, il ne reste plus qu’une poignée de mois au département des Hauts-de-Seine pour mettre en œuvre ces démolitions, avant que le parc de Saint-Cloud soit définitivement protégé par la législation. Un chantier qui « tombe à pic » pour les autorités qui pilotent ce projet de voie piétonne, mais qui masque mal une précipitation quelque peu grossière selon les associations.

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