À l’occasion du sommet dédié aux médecines traditionnelles, à New Delhi (Inde), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’elle souhaitait comprendre et promouvoir scientifiquement ces pratiques ancestrales en recourant aux nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. Elle rappelle que près de la moitié des produits pharmaceutiques dérivent de produits naturels et que plus de la moitié de la planète se soignent avec ces méthodes alternatives.
Le deuxième sommet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les médecines traditionnelles se tient du mercredi 17 au vendredi 19 décembre à New Delhi, en Inde. À l’ouverture de cet événement, plus de 100 pays ont appelé à renforcer la réglementation et l’intégration des pratiques traditionnelles dans la santé moderne. Ils estiment primordial d’allier savoirs millénaires et innovations scientifiques pour offrir des soins plus sûrs, personnalisés et accessibles à tous. Pour promouvoir et comprendre scientifiquement les médecines traditionnelles, les États membres de l’OMS croient qu’il faut se tourner davantage vers l’intelligence artificielle, une technologie révolutionnaire.
Plus de la moitié des habitants de la planète se soignent avec les méthodes ancestrales
Dans son intervention, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’OMS, a affirmé que son organisation s’intéresse à la médecine douce parce qu’elle « n’appartient pas au passé ». En effet, note-t-il, sa demande « ne cesse de croître à travers les pays, les communautés et les cultures ». Aujourd’hui, 170 des 194 membres de l’organisation onusienne déclarent que 40 à 90% de leurs habitants ont recours à cette pratique.
« La moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services de santé de base, la médecine traditionnelle est souvent l’offre de soin la plus proche, voire la seule disponible pour beaucoup », explique Shyama Kuruvilla, la directrice du Centre mondial de médecine traditionnelle de l’OMS.
Comment l’OMS définit les médecines traditionnelles ?
Les médecines traditionnelles, aussi appelées médecines complémentaires, douces ou intégratives, sont définies par l’OMS comme la « somme des connaissances, capacités et pratiques basées sur des théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, explicables ou non, utilisées pour entretenir la santé, la prévention, le diagnostic ou le traitement » des maladies.
On retrouve dans la liste l’acupuncture, l’ostéopathie, l’homéopathie, la médecine ayurvédique et les remèdes à base de plantes. Dans un monde où les systèmes de santé sont confrontés à des défis croissants et où les soins coûtent de plus en plus cher, de nombreux patients n’hésitent plus à recourir à ces méthodes naturelles, souvent remises en cause ou mosquées par des « Cartésiens ».
L’IA peut cribler des millions de composés et aider à comprendre leur structure complexe
Alors que ces médecines douces représentent près de 600 milliards de dollars en 2025, l’OMS souhaite accompagner leur croissance. Elle travaille à combler les lacunes existantes en matière de règlementation, de gouvernance des données, de partage des savoirs et de renforcement des capacités. L’organisme cherche aussi et surtout à leur appliquer une rigueur scientifique.
Et justement l’intelligence artificielle a un rôle à jouer dans ce processus. Selon Sylvie Briand, responsable scientifique de l’OMS, cette technologie « peut cribler des millions de composés, aider à comprendre la structure complexe des produits à base de plantes et à en extraire les constituants pertinents pour maximiser les bénéfices et réduire les effets indésirables. ».
Défendre les droits des peuples autochtones pour sauver les médecines traditionnelles
Sylvie Briand ajoute qu’« une collaboration plus étroite et les technologies de pointe – telles que l’IA, la génomique, la biologie des systèmes, les neurosciences et l’analyse avancée des données – peuvent transformer la manière dont nous étudions et appliquons la médecine traditionnelle ».
En attendant peut-être de propulser ces pratiques médicales grâce à l’IA, l’OMS lance une bibliothèque numérique des connaissances traditionnelles en Inde ainsi qu’une bibliothèque virtuelle sur la santé dans les Amériques. Objectif :préserver les savoirs autochtones, faciliter la collaboration et prévenir la biopiraterie, c’est-à-dire l’exploitation illégale des ressources biologiques et des connaissances associées. Par ailleurs, l’organisation appelle à défendre les droits des peuples autochtones, qui préservent environ 80 % de la biodiversité mondiale, car sans eux, il n’y aurait plus de plantes médicinales.