Obésité chez l’enfant : les gènes de la mère déterminants ?

L’obésité des parents entraîne-t-elle celle des enfants ? Une nouvelle étude anglaise suggère que oui. Elle avance que les gènes des parents, en particulier ceux de la mère, pourraient jouer un rôle déterminant dans la santé de leurs progénitures. Les auteurs notent toutefois qu’il ne s’agit pas de blâmer la génitrice, mais de mettre en place des politiques visant à réduire la prise de poids excessive dans nos sociétés modernes.

Plusieurs recherches ont déjà montré que les enfants atteints d’obésité ont très souvent des parents obèses, mais la cause de cette tendance reste peu connue. Une nouvelle étude, publiée le mardi 5 août 2025 dans la revue « PLOS Genetics », creuse une piste potentielle. Selon cette recherche dirigée par Liam Wright de l’University College London, au Royaume-Uni, les enfants peuvent hériter des gènes de leurs parents obèses, ce qui augmente leur risque de surpoids de l’utérus.

Une étude portant sur 2 500 familles britanniques ayant des enfants nés en 2001 et 2002

Les chercheurs anglais ont analysé les données génétiques de plus de 2 500 familles britanniques ayant des enfants nés en 2001 et 2002, et qu’ils ont suivis de la naissance à l’âge de 17 ans. Objectif : savoir si les enfants deviennent obèses principalement à cause de leurs gènes ou de leur environnement familial. Concrètement, les chercheurs ont étudié comment l’indice de masse corporelle (IMC) des parents et les gènes associés influencent le poids et le régime alimentaire de leurs progénitures, de la naissance à la fin de l’adolescence. Ils se sont intéressés à six moments clés : à 3 ans, 5, 7, 11, 14 et 17 ans.

Plus les parents sont en surpoids, surtout la mère, plus les risques d’obésité chez l’enfant augmentent

Le régime alimentaire des enfants a été évalué suivant la fréquence et la quantité de consommation de différents groupes d’aliments, notamment des fruits et légumes, de la restauration rapide et des boissons sucrées. Les résultats montrent que, pour chaque kg/m² supplémentaire de l’IMC d’une mère ou d’un père, l’IMC de leur enfant augmente de 0,26 à 0,29 kg/m² à l’adolescence. Si on isole toutefois les gènes transmis, le poids du père n’a pratiquement plus d’impact sur celui de l’enfant, alors que le poids de la mère continue à jouer un rôle déterminant.

Même les gènes non transmis par la mère peuvent influer sur l’obésité chez l’enfant

Les chercheurs britanniques ont également constaté que même les gènes de la mère non transmis à l’enfant peuvent peser sur son poids de façon indirecte. En effet, ces gènes hérités influencent l’environnement familial, surtout à l’adolescence, une période clé où les habitudes alimentaires s’ancrent. Les auteurs de l’étude notent par ailleurs que les bébés nés de mères obèses pèsent en moyenne 15 à 24 grammes de plus à la naissance. Ils ont en outre observé que les enfants dont les mères ont un IMC plus élevé consomment davantage de fast-food, de boissons sucrées et moins de fruits et légumes à l’adolescence. Pour les pères, ces effets n’existent quasiment pas.

La mère a un lien plus étroit avec l’enfant

Ce rapport entre le poids de la mère et celui de l’enfant pourrait s’expliquer par un lien plus étroit depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, la génitrice obèse transmet plus facilement ses habitudes alimentaires que le père. Elle joue donc un rôle clé dans le développement et la santé de son enfant. « La génétique de la mère semble jouer un rôle important dans l’influence du poids de l’enfant, au-delà de la génétique de l’enfant », souligne Liam Wright, auteur principal de l’étude et chercheur à l’University College London.

L’obésité chez l’enfant, un problème persistant au Royaume-Uni

Ces résultats ne doivent cependant pas pousser à culpabiliser les mamans, avertissent les chercheurs. « Il ne s’agit pas de blâmer les mères, mais plutôt de soutenir les familles pour qu’elles fassent une différence significative dans la santé à long terme des enfants », précise Liam Wright. Selon les auteurs de l’étude, les politiques visant à aider les parents obèses à perdre du poids pourraient avoir des effets durables sur la santé de leurs enfants. Au Royaume-Uni, comme dans de nombreux pays riches, l’obésité infantile est un problème persistant. Selon les données du NHS, 27 % des enfants âgés de 2 à 15 ans étaient considérés comme obèses ou en surpoids en 2024.

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