Le chantier de Notre-Dame de Paris cherche de la pierre et du bois

Pour  assurer une reconstruction à l’identique dans les meilleures conditions de la cathédrale Notre-Dame de Paris, des matériaux nobles et similaires à ceux utilisés au Moyen-Âge sont recherchés par les spécialistes en charge du chantier.

Cela pourrait s’apparenter à un détail, mais cela n’en est pas un : comment retrouver des pierres et du bois de la même qualité que ceux utilisés lors de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris de 1163, début des travaux, jusqu’à 1 250, presque un siècle plus tard ?

Car il est impossible de restaurer le lieu dans son écrin d’origine sans faire appel aux mêmes matériaux, aux propriétés similaires : une charpente en aluminium, beaucoup plus légère et facile à construire, serait à moyen terme dangereuse pour le bâtiment, confectionné à l’époque suivant des proportions pensées pour soutenir le poids d’une charpente en bois. Au-delà du respect de l’esthétique du lieu saint, c’est donc des problématiques extrêmement pratiques qui poussent les architectes en charge du dossier à trouver les pierres de taille et les bois aux plus proches de ceux utilisés à l’époque. Mais les siècles se sont écoulés, et ce sont quasiment de nouvelles filières qui sont à réinventer.

« Pierre, tu es cette pierre »

À ce titre, une convention a été signée entre l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame de Paris et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), afin de trouver les pierres de taille qui pourront remplacer celles qui ont été abîmées par l’incendie de 2019. Dans un communiqué publié ce mercredi 3 février 2021, l’établissement public a précisé qu’il recherchait des pierres qui doivent être «esthétiquement et physiquement compatibles» avec l’ensemble architectural de la cathédrale, et qu’elles devront être trouvées «dans des quantités importantes».

Le BRGM a donc été mobilisé pour définit un programme de recherche pour identifier les carrières les plus susceptibles de répondre à cette demande exceptionnelle. Un plan, validé en conseil des ministres, prévoit des investigations géologiques en collaboration avec le Laboratoire de recherches des monuments historiques (LRMH) du ministère de la Culture.

Des carrières qui se situent toutes dans le bassin parisien : les pierres d’origine avaient été extraites au XIIe-XIIIe siècles du sous-sol de la capitale. Un sol très spécial, issu de la sédimentation de roches calcaires formées il y a 41 à 48 millions d’années. Pour retrouver des propriétés similaires aux pierres d’origines, plusieurs sites de l’Oise et l’Aisne sont donc en lice. Pour faciliter cette recherche, le gouvernement français a publié en novembre 2020 une ordonnance facilitant le cas échéant la réouverture ou l’extension de nouvelles carrières. Ce qui devrait «faciliter considérablement les travaux de restauration de Notre-Dame», qui a «un besoin important de pierre de taille», avait-il indiqué.

Quels arbres ?

En 2019, lors de l’incendie de la cathédrale, la filière sylvicole française s’était engagée à fournir gratuitement les chênes nécessaires à la reconstruction de Notre-Dame. Un engagement tenu par l’Anef (l’Association Normande des experts forestiers) et de France Bois Forêt, l’interprofession nationale.

Les deux organismes sont en effet mobilisés depuis plusieurs mois pour le repérage des arbres susceptibles d’être utilisés sur le chantier pour la charpente et la flèche. « On va choisir des arbres en forêt en fonction de leurs dimensions, hauteur, diamètre, qualité, de façon à pouvoir tirer des pièces de charpente », a confié à France Inter François Hauet, expert forestier à Louviers.  En principe, les chênes choisis, qui ont pour la plupart entre 150 et 200 ans, seront abattus avant la montée de sève, soit la fin du mois d’avril.  Au total, pour la reconstruction de la flèche de Notre Dame, prévue d’ici 2023, près de 1000 arbres seront sciés dans les prochaines semaines partout en France.