Avec les dernières élections municipales, cinq des dix plus grandes villes de France sont désormais dirigées par des femmes. Une nouvelle célébrée par les médias, mais qui mérite d’être remise en perspective.
Paris, Lille, Marseille, Nantes, Rennes, Strasbourg, Besançon, Saint-Denis de La Réunion… Une chose est sûre : la parité a progressé avec ces élections municipales, et c’est une première fois dans l’Histoire de la Vème République ! Un bond de géant puisque lors du dernier scrutin, seuls 16% des élus étaient des femmes.
Il y a d’abord celles qui ont réussi à sauver leur siège : Anne Hidalgo à Paris, Martine Aubry à Lille, et Johanna Rolland à Nantes. Mais l’écologiste Michèle Rubirola trône désormais sur la cannebière à Marseille, tout comme Jeanne Barseghian à Strasbourg. De grandes villes françaises, mais aussi des villes moyennes, comme Poitiers, Périgueux, Besançon ou encore Biarritz… Selon France Inter, dans les communes de plus de 100.000 habitants, 12 maires sont des femmes.
Un phénomène largement souligné dans les médias, l’essentiel du débat politique et médiatique ayant moins porté sur des points programmatiques que sur des détails symboliques : les villes remportées par les candidats écologistes, et les femmes devenues maires. L’arbre qui cache la forêt ?
Une féminisation en trompe-l’œil
Si les médias, particulièrement à gauche, se sont réjouis de cette percée féminine (et féministe), il pourrait bien s’agir d’un effet déformant de certaines rédactions de presse concentrées à Paris. En effet, sur les 21.000 listes déposées sur tout le territoire national seules 4,800 ont été conduites par des femmes… Et au final, seules 18% des maires élus ou réélus en 2020 sont des femmes. À ce rythme, la parité parfaite sera atteinte… en 2046.
Mais la parité, pourquoi faire ? C’est finalement l’angle mort médiatique et politique de cette « féminisation » des mairies. Le maire fait désormais pâle figure, pris en étau entre les communautés de communes, les métropoles, les régions ou les départements et les diverts associations et collectifs « citoyens ».
La part des femmes a donc progressé, mais principalement dans les grandes villes et ce pourcentage reste très en deçà de la parité parfaite. Enfin et surtout, cette conquête des mairies pourrait bien, avec le recul, avoir des airs de combat d’arrière-garde, tant le pouvoir des maires est aujourd’hui affaibli.