Liu Jingyao et Liu Qiangdong : #MeToo à la chinoise

C’était une première : un « milliardaire rouge » sur le banc des accusés pour agression sexuelle. Pour les partisanes du mouvement #MeToo en Chine, ce procès était attendu, mais il s’est finalement conclu par un accord financier. Circulez, rien à voir ! 

Liu Qiangdong, c’est un milliardaire de 49 ans, surnommé le « Jeff Bezos chinois ». Mais en 2018, une étudiante chinoise, Liu Jingyao, a affirmé avoir été abusée par le puissant homme d’affaire lors d’une soirée, dans la chambre d’hôtel de ce dernier. 

Et le procès était particulièrement attendu en Chine, car c’était à la justice américaine – plus transparente que la justice chinoise – que revenait la lourde tâche de trancher cette affaire, l’infraction ayant eu lieu dans le comté d’Hennepin, dans le Minnesota. 

Mais, par un étonnant retournement de situation à la veille de leur bataille judiciaire, les deux parties ont conclu un accord à l’amiable, évitant ainsi le procès : « Aujourd’hui, les parties ont accepté de mettre de côté leurs différences et de régler leur différend juridique afin d’éviter toute autre douleur et souffrance causée par le procès. » ont déclaré les avocats de l’accusation et de la défense.

Une nouvelle qui a surpris beaucoup de monde en Chine et qui a dominé les médias sociaux chinois, où en quelques heures, les hashtags connexes ont accumulé des centaines de millions de vues et de commentaires sur Weibo, le Twitter chinois.

Maintenant, avec cet accord conclu à huis clos, l’affaire risque de susciter encore plus de spéculations et fragiliser le mouvement #MeToo en Chine. En effet, bien avant le procès, l’opinion publique chinoise a profondément été influencée par une multitude de vidéos et de photos diffusées dans la presse par la défense. On y voyait la jeune étudiante, visiblement éméchée, qui suivait de son plein gré Liu Qiangdong dans son hôtel américain, après une soirée organisée entre expatriés chinois. 

Des images qui prouvaient – selon de nombreux internautes chinois – que la jeune étudiante avait menti. Une contestation de la parole féminine qui ne s’est pas arrangée avec la conclusion à l’amiable de cette affaire, qui jette un voile pudique sur une affaire encore trouble, entre une simple étudiante et l’un des hommes les plus puissants de Chine. 

Pas encore de commentaires

Les commentaires sont fermés