A Paris, 1 400 plaques portant des noms de femmes ont envahi les rues

À l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les droits des Femmes, le 8 mars, le collectif féministe « Nous toutes » a collé 1 400 fausses plaques de rues aux noms de femmes, dans la capitale. Une visibilité évidente sur fond de militantisme de lutte pour l’égalité des droits femmes/hommes. 

La figure de la sorcière féministe contemporaine décrite par Mona Chollet dans son essai, Sorcières, (paru en 2018 aux éditions Zones), n’était pas très loin cette nuit du 8 mars. Armées de leurs balais (à colle), une dizaine de militantes du collectif « Nous toutes », a volé dans les rues de Paris pour féminiser les noms des rues.

Des chiffres représentatifs…

Selon le collectif, seulement 2% des espaces nommés de Paris portent le nom d’une femme célèbre.

Sur 6 000 voies de circulation, 225 très précisément se réfèrent à une femme connue, contre 1 500 à 2 000 pour les hommes. Une autre inégalité femmes/hommes, qui pourrait presque passer inaperçue dans notre société patriarcale… si le collectif féministe militant « Nous toutes », n’avait pas, dans la nuit du 8 mars dernier, placardé plus de 1 400 fausses plaques portant des noms de femmes connues ou anonymes.

 

Femmes, femmes, femmes !

Ainsi, le 9 mars au matin, les parisiens ont pu découvrir ou redécouvrir des noms de femmes célèbres : « des femmes ignorées, censurées, ou oubliées », rapporte le collectif.

L’appellation « Rue de l’Ourq » dans le 19e arrondissement côtoyait ainsi « Georges Sand » (écrivaine célèbre du 19ème siècle), la rue des Gobelins a partagé le lieu avec Israa Al-Ghomgham (avocate contemporaine et militante des droits humains) et le Quai Valmy dans le 10ème arrondissement est devenu la « rue Nadine », femme anonyme « tuée par son (ex)-conjoint en 2019 », précise la plaque.

Une visibilité permettant de soulever encore et toujours des questions sur la place de la Femme et des violences faites à Son encontre. Des violences, qui ne sont pas, selon le collectif militant, immuables, persuadé qu’on peut y mettre fin.

Une piqure de rappel nécéssaire, même si la mairie de Paris, depuis 2011, a attribué des noms féminins à 140 rues de la capitale. Antoinette Fouque (militante féministe), Simone Veil (magistrate et femme de lettres), Dalida (chanteuse), Olympe de Gouges (femme de lettres puis femme politique, considérée comme une des pionnières du féminisme), parmi d’autres, veillent fièrement sur les pavés parisiens depuis près de dix ans.

Notons que la ville de Paris manque de place et malgré sa volonté de dédier davantage de rues aux femmes, la mairie devra débaptiser des rues pour les renommer.

Depuis #metoo, l’invisible déterré

Le 7 mars, veille de cette action, « Nous toutes », avec les collectifs « Paye ton journal » et « Prenons la une » avaient dévoilé les résultats d’une grande enquête baptisée #EntenduALaRédac, selon laquelle 1 500 personnes déclaraient avoir été victimes ou témoins d’un agissement sexiste au sein de leur activité professionnelle. 1 500 sur 1 837 réponses à la dite-enquête.

Cette enquête avait été lancée dans la tourmente de l’affaire #LaLigueDuLol.

Le 8 mars également, la campagne d’affichage « It’s not a Bretzel » a recouvert les murs des grandes villes de France (mais aussi en Belgique, en Espagne et jusqu’au Mexique !)  de clitoris colorés. Une manière enjouée et pédagogue d’interroger sur la sexualité.