Amour et psychologie ne font pas bon ménage…

La sociologue Eva Illouz, dans son essai Pourquoi l’amour fait mal. L’expérience amoureuse dans la modernité (éditions du Seuil), offre une critique décapante des pratiques de la psychologie au sein de la vie quotidienne des couples amoureux. Il faut bien avouer que vous, les filles, vous aimez (apparemment trop) parler psychologie et amour d’un coup d’un seul.

Le décorticage psy de l’amour, petit jeu innocent en apparence, est monnaie courante dans les couples, il faut bien l’avouer : comprendre et rationaliser à la manière de Freud la relation amoureuse pour découvrir si votre partenaire vous aime pour les bonnes raisons, et non par répétition d’un schéma archaïque infantile…

Lorsqu’il y a des problèmes, on a souvent l’impression que les filles (et quelque fois les hommes aussi je suppose, mais plus rarement il me semble) manipulent tout un vocable psy avec aplomb, et cherchent à creuser l’enfance de son partenaire, connaître ses traumatismes, son rapport à sa mère, résoudre son Œdipe, etc. et croit vous comprendre mieux que vous ne vous comprenez vous-même.

A cette intrusion d’un « prêt-à-penser » dans la vie de couple, la sociologue Eva Illouz dit : « Stop ! », « Cessons de chercher les raisons de nos difficultés amoureuses dans nos inconscients prétendument défaillants et nos enfances défectueuses », s’insurge-t-elle. A celles (et ceux) qui plaquent à tour de bras des concepts psychanalytiques dans le langage amoureux, la sociologue s’exclame : « Freud, sors de ce corps ! » (Les gars, si vous lisez, gardez cette réplique, elle peut servir).

Pas que l’auteur de cet essai soit contre l’introspection : « Je déplore, nuance-t-elle, que la psychologie devienne l’unique grille de lecture de nos amours ». Son étude souligne combien tout un vocabulaire issu de la psychologie et de la psychanalyse est devenu envahissant : on convoque Œdipe ou Narcisse, on parle de rapport fusionnel, de résistance ou de déni, on qualifie des attitudes de névrotiques ou psychotiques ou encore de toute-puissance infantile…

Dans cet essai, on découvre qu’un tel discours, qui considère l’inconscient de votre partenaire comme un continent à explorer, est la pire des attitudes dans un couple : c’est un tue-l’amour, c’est contraire à l’abandon qu’exige l’amour. L’amour devient alors « objet de calcul sans fin, estime Eva Illouz. Besoins, désirs cachés, affirmation de soi… » : La passion devient suspecte.

Eva Illouz propose au contraire un éloge de la passion pour l’épanouissement de la relation amoureuse. Lorsqu’on cherche à disséquer l’amour, « le don de soi dans le couple est perçu comme une manière infantile de vivre une relation », poursuit la sociologue. « Or la passion bouscule cette économie de l’amour que l’on s’impose et nous sort de l’enfer du « je ». Elle nous engage totalement et affirme beaucoup mieux qui on est dans ce monde. »

Bref, les filles, arrêtez de chercher à trop nous comprendre svp, tel est le message de cet essai bien convainquant, et laissez-vous aller à la passion !

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