Jardins populaires : une coalition de militants défend ces lieux partagés menacés par des projets urbains

Essentiels à la vie des quartiers, les jardins populaires sont de plus en plus menacés par des projets immobiliers. Pour les protéger, une coalition de militants a vu le jour il y a cinq ans. Ce collectif était à Besançon les 2 et 3 mai pour ses quatrièmes Assises. Ce fut l’occasion de structurer la mobilisation et de s’entraider.

Les jardins populaires, aussi appelés jardins communautaires ou partagés, sont des terrains affectés par les collectivités territoriales aux habitants afin d’y pratiquer le jardinage pour leurs propres besoins et ceux de leur famille, à l’exclusion de tout usage commercial. Ces espaces sont essentiels à la vie des quartiers. Ils offrent non seulement un lopin de terre pour cultiver du potager, mais aussi un lieu de loisirs, de rencontre et de promenade pour les classes populaires.

Les jardins populaires menacés par les projets urbains

Outre cette multiplicité des usages, les jardins populaires représentent aussi des enjeux climatiques et de biodiversité au cœur des communes. Sans eux, les habitants risquent de fuir les villes pour le périurbain. Malgré leur importance, ils sont toujours plus menacés par des projets urbains. En effet, les élus, qui font pourtant des espaces verts un argument d’attractivité, continuent d’autoriser la bétonisation des sols et la construction de logements. Pour stopper ces projets de plus en plus nombreux et protéger les jardins ouvriers, la Coalition des jardins populaires en lutte a vu le jour il y a cinq ans.

Des Assises nationales aux Vaîtes, à Besançon

Le collectif de militants a organisé ses quatrièmes Assises nationales aux Vaîtes, à Besançon, les 2 et 3 mai 2025. Ce fut l’occasion pour les chercheurs et les activistes, venus des quatre coins de la France, de mener des réflexions sur la notion de jardin communautaire, sur leur importance et sur les luttes collectives pour les protéger des tractopelles. « Ce qui nous rassemble dans ces jardins populaires, c’est le lien, le métissage, la vie de quartier », a rappelé un militant d’Aubervilliers, à l’ouverture de cette quatrième édition des Assises.

De la nécessité d’une entraide morale, technique et juridique

Au cours de cet événement, la Coalition des jardins populaires en lutte a rappelé l’importance de s’entraider pour contrer les projets d’urbanisme qui menacent les jardins partagés et familiaux. Cette entraide, a relevé le collectif, doit être morale, technique et juridique. En effet, la défense des terres nécessitent des moyens humains et une certaine expertise car il s’agit d’affronter des pouvoirs publics et des opérateurs immobiliers très puissants. La solution est souvent plus radicale : l’occupation des terres menacées. Ce mode d’action permet quelques fois l’abandon des projets. Les militants peuvent également choisir le rachat des terrains. Mais ce choix est assez rare.

Plusieurs intervenants, dont des chercheurs et des spécialistes des jardins populaires

C’est une table-ronde qui a lancé les Assises des jardins populaires 2025, le vendredi 2 mai à 19h30. Elle a porté sur les luttes actuelles et les enjeux de celles-ci. Plusieurs spécialistes sont intervenus sur ces questions. Parmi eux Matthieu Adam, chercheur au CNRS, spécialiste des formes de production de l’espace et de l’impact destructeur du capitalisme sur l’écologie. Ou encore Victoria Sachsé, géographe et urbaniste, dont les travaux se concentrent sur les jardins partagés vus comme vecteurs de participation citoyenne.

Projection d’un documentaire qui retrace la lutte des jardins populaires

Le lendemain, samedi 3 mai, une visite guidée a eu lieu à 10h dans les jardins des Vaîtes, un écoquartier menacé par des projets immobiliers ainsi qu’un site emblématique de la mobilisation bisontine contre l’artificialisation des sols. En clôture de ces Assises, un ciné-débat a été organisé dans la soirée à 19h30, autour de la projection du documentaire La Terre des vertus. Son réalisateur Vincent Lapize, membre des Jardins à Défendre d’Aubervilliers, a pris part à cette séance. Le film retrace la lutte des jardins ouvriers confrontés aux projets d’aménagement du Grand Paris et récemment aux chantiers des Jeux olympiques.

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