C’est le TripAdvisor du dating. Aux États-Unis, Tea, une application permettant aux femmes de déposer un avis sur les hommes pour une éventuelle rencontre amoureuse, a été victime de piratage. Des milliers de selfies se retrouvent désormais sur la place publique. Tous les regards se tournent vers les hackers masculins ou masculinistes, qui n’appréciaient pas d’être jugés par les femmes sans pouvoir se défendre.
Qui en veut à Tea ? Cette application en vogue aux États-Unis permet aux femmes de poster le profil d’un homme pour savoir si d’autres femmes le connaissent et possèdent des informations sur lui. Selon les avis recueillis, positifs ou négatifs, l’utilisatrice intéressée peut choisir de le blacklister ou d’accepter un date. Une sorte de recommandation en fait. Cette plateforme vient d’être piratée, vraisemblablement par des personnes qui n’apprécient pas son principe…
Des dizaines de milliers de photos dans le domaine public
Ce piratage a permis de mettre sur la place publique plus de 72 000 images, dont 13 000 selfies d’utilisatrices. On retrouve la plupart de ces photos dérobées sur 4chan, un site pour hommes parmi les plus critiques de Tea. Il faut noter que sur le TripAdvisor du dating, les selfies sont nécessaires pour valider le profil. En principe, ils doivent être supprimés immédiatement une fois le compte validé. Ce qui n’est pas fait visiblement…
Les pirates ont également subtilisé 59 000 images présentes dans les messages et les réponses faites sur l’interface. Une vraie catastrophe donc. Seul petit soulagement, aucune adresse e-mail ni aucun numéro de téléphone n’a été compromis. Aussi, seuls les utilisateurs inscrits avant février 2024 sont touchés.
Tea, une application dédiée aux femmes en quête de relation sérieuse
Fondée en 2023 par Sean Cook, après que l’entrepreneur a été témoin d’une mauvaise expérience de sa mère avec les rencontres en ligne, Tea est une application dédiée aux femmes en quête de relation sérieuse. Le principe ? Une utilisatrice intéressée par un homme peut publier sa photo ou une capture de manière anonyme et demander l’avis des autres femmes. En gros, elle cherche à savoir si les autres le connaissent et si c’est une bonne personne pour pouvoir accepter un date ou sortir avec lui. Dans le langage du site, on parle de « tea » (de potins, NDLR).
Se protéger mutuellement des rencontres dangereuses ou des hommes toxiques
Une fois la publication en ligne, les membres réagissent avec un red flag (drapeau rouge) pour signaler qu’il ne faut pas sortir avec ce type, ou un green flag (drapeau vert) pour signifier qu’il n’y a aucun danger à le fréquenter ou que c’est un super mec. Toutes les utilisatrices peuvent commenter. C’est une façon de demander des retours d’expérience de la part des autres femmes qui ont connu ce gars.
L’objectif pour elles est de se protéger des rencontres dangereuses ou des hommes toxiques (manipulateurs, narcissiques, infidèles, menteurs, violents). À l’ère des agressions sexuelles, Tea séduit. La plateforme se distingue des sites rencontres traditionnels comme Tinder, Hinge ou Bumble, qui ne se préoccupent pas de la sécurité de leurs membres féminins.
Tea verse 10% de ses bénéfices à la National Domestic Violence Hotline
Tea est gratuit pour toutes. Mais cette gratuité limite les recherches à 5 par mois. Si on veut plus, il faut inviter des amis à rejoindre l’application ou payer l’abonnement mensuel à 15 dollars. Cette formule donne accès à d’autres fonctionnalités, comme la vérification des antécédents (des casiers judiciaires sont disponibles), la recherche de numéros de téléphone et la recherche d’images inversées. La plateforme dit verser 10% de ses bénéfices à la National Domestic Violence Hotline.
Les déclarations de femmes ne sont pas parole d’évangile pour les hommes
Tea s’est hissée à la première place des applications les plus téléchargées de l’App Store ces derniers jours devant de gros morceaux comme Tiktok. Sur la boutique, la plateforme est notée 4,7 sur plus de 60.000 avis et compte plus de 1,6 millions d’utilisatrices. Elle est donc très populaire. Mais ce succès ne plaît pas à tout le monde, en particulier aux hommes (évidemment).
Certains l’accusent de diffamation organisée et de « nuire aux hommes ». Selon eux, rien ne prouve que celles qui donnent un avis (négatif) disent la vérité. Elles pourraient faire de fausses déclarations pour se venger d’avoir été éconduites, frustrées qu’elles seraient. Ils appellent à entendre la version de l’autre partie avant de tirer une conclusion.
Tea ne donne pas la possibilité aux hommes de se défendre
Cette demande est tout de même logique car les personnes toxiques se trouvent dans les deux sexes. Malheureusement, Tea n’autorise pas les hommes à s’inscrire. L’appli leur donne seulement la possibilité de formuler des demandes de suppression de publication les concernant. Pour cela, il suffit d’adresser un mail avec ses informations (nom, photo et localisation) à son service d’assistance.
La plateforme empêche également de faire des captures d’écran des postes. Mais tout ceci ne permet pas aux hommes de donner leur version des faits. Ce qui agace plus d’un. Tout se passait comme si Tea se voulait une plateforme de dénigrement des hommes, une application qui ne serait pas différente des sites masculinistes.
L’éthique de Tea en question
Pour répondre au phénomène de Tea, certains hommes ont lancé des applis rivales comme Teaborn, qui permet aux hommes de noter les femmes après un rendez-vous. Cette plateforme se classe 11e des applications les plus téléchargées sur l’App Store aux Etats-Unis. D’autres hommes sont moins dans la querelle des sexes. Ils pointent plutôt la légalité et l’éthique de Tea.
En effet, plusieurs informations personnelles, comme le prénom, l’adresse, la photo et le numéro de téléphone sont partagées sans l’autorisation des principaux concernés. Ce qui est effectivement problématique. Mais aux États-Unis, les questions de vie privée et de droits d’auteur ne sont pas aussi bien traitées qu’en Europe. C’est un peu le far-west…