« Cancel Culture » : ou comment boycotter une célébrité

C’est dans l’ère du temps. Boycotter une célébrité ou une marque pour des propos ou des actions jugées offensantes. Dans l’émission Red Table Talk du vendredi 19 juin 2020 sur Facebook Watch, Jada Pinkett et sa fille Willow Smith reviennent sur ce nouveau concept de la « cancel culture » très en vogue aux Etats-Unis et plus en plus prisé en France. 

Depuis quelque temps, on les voit apparaître dans les timelines Twitter ou Instagram : « Cancel Lea Michele » accusée de racisme, « Cancel Scarlett Johansson » qui défendait publiquement Woody Allen ou encore « Cancel J.K. Rowling » au sujet de la transphobie.

Une culture de l’annulation

Ce nouveau concept de « cancel culture » fleuri désormais sur les réseaux sociaux et met en avant une « culture de l’annulation ». Cette dernière consiste à dénoncer voire même à tenter de détruire la réputation de personnalités publiques jugées pour leurs propos ou leurs actions offensantes à l’égard de telle ou telle cause ou de telle ou telle personne. 

Si cette manière de faire existait déjà depuis quelques années, elle s’est clairement accentuée après le meurtre de George Floyd, cet Afro-Américain décédé durant une arrestation violente. Cette hostilité se manifeste principalement sur les réseaux sociaux et peut prendre diverses formes, parfois dangereuses.

Une culture dangereuse ?

Interrogée dans l’émission américaine Red Table Talk, l’actrice Willow Smith n’a pas mâché ses mots pour critiquer une attitude qui relève plus de la meute et de la recherche du bouc-émissaire que du débat démocratique : « C’est si fréquent en ce moment. Je vois des gens (…) qui disent des choses terribles, qui humilient les autres pour ce qu’ils choisissent de dire ou pour n’avoir rien dit du tout. Mais je pense que si nous voulons vraiment du changement, l’humiliation n’apprendra rien à personne ». Également invitée sur le plateau, la féministe antiraciste Tamika D. Mallory confirme ce point de vue, qualifiant la cancel culture d’un « brin dangereuse ». « Aucun d’entre nous n’est parfait. C’est un peu difficile à appliquer parce qu’il faut laisser aux gens le droit de faire des erreurs, de grandir et d’apprendre, mais ils doivent montrer qu’ils en ont envie ». 

Des origines pas si récentes que ça 

Contrairement aux apparences, ce concept serait apparu dans les années 1990. En 1991 sort le film de Mario Van Peebles, New Jack City. L’acteur Wesley Snipes se fond dans la peau du gangster Nino Brown. Au cours du long-métrage, il lance la réplique «Cancel that bi***» après la séparation d’avec sa petite amie. Le terme refait ensuite son apparition en 2010 dans la bouche du rappeur Lil Wayne qui reprend la blague sexiste dans son titre I’m Single.

Enfin, en 2014, Cisco Rosado, candidate de l’émission « Love and Hip-Hop : New York » lance à son compagnon un « You’re cancelled ». En 2015, c’est sur Twitter que l’on retrouve l’expression avec le « Black Twitter » qui entend dénoncer le racisme et la discrimination présente sur le réseau social. 

Un impact différent selon les personnalités

L’impact de la cancel culture dépend également de la personnalité visée. Par exemple, l’actrice Scarlett Johansson n’a que peu subi le boycott lancé suite à son soutien à Woody Allen, tout comme l’acteur Kanye West, qui avait sous-entendu en 2018 qu’être réduit en esclavage pouvait être un choix. En revanche, l’actrice Lea Michele (star de la série Glee) en a ressenti les conséquences. Suite aux accusations de racisme par une de ses ex-partenaires du show, Samantha Ware, elle a vu certains de ses contrats publicitaires annulés ou reportés. 

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