La Marianne d’Obey taguée

Un tag peut-il être tagué ? Dans quelle mesure « un art » qui se veut — en théorie — spontané, anticonformiste et libertaire peut-il être dégradé par une autre œuvre, se prétendant de la même démarche ? À Paris, la Marianne d’Obey dessinée au lendemain des attentats de 2015 dans le 13e arrondissement a été détournée par des graffeurs anonymes dans la nuit de lundi 14 décembre à mardi 15 décembre. Ceux-ci y ont peint des larmes de sang et ont rayé la devise républicaine qui y était inscrite : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Obey avait décidé d’offrir cette fresque en hommage aux victimes des attentats du Bataclan en 2015. Une fresque de 15m de haut dans le 13e arrondissement, illustrée par une Marianne dépitée sur fond de drapeau français tricolore, en reprenant la devise nationale : « Liberté, égalité, fraternité ».

Une œuvre emblématique, taguée vraisemblablement des artistes anonymes qui ont souhaité expliquer leur démarche au média « Hiya ! » : « Il y a quelques jours, nous avons relayé un appel à la création, comme une bouteille à la mer. Nous étions beaucoup à nous sentir désemparés, à voir les évènements s’enchaîner sous nos yeux impuissants. Les violences policières, la dérive autoritaire du pouvoir, la déliquescence des valeurs censées nous réunir : toutes ces crises s’enchaînent sans que nous puissions agir. Et puis dimanche soir, nous arrive un message plutôt cryptique, transmis via une messagerie cryptée : “On a vu votre appel, on prépare un gros truc. Vous allez kiffer. Tenez-vous prêts, on vous tient au courant dans la nuit”. Une action spectaculaire semble se préparer quelque part, mais le flou est total. Jusqu’à un email, ce matin, aux alentours de 4 h, vide de tout contenu à l’exception de 2 pièces jointes : une photo et un texte ».

Une transformation politique de l’œuvre qui a reçu le soutient de l’artiste lui-même : « Je suis du côté des gens qui protestent contre les injustices, donc si l’intention [des graffeurs] était celle-ci, je la comprends. »

Du côté de la mairie du 13e, on est moins enthousiaste, estimant sur Twitter que « l’art vaut mieux que ça ».

Dans le Monde, Mehdi Ben Cheikh, le directeur de la Galerie Itinerrance qui représente l’artiste à Paris annonce cependant qu’une restauration de la Marianne d’Obey sera bientôt à l’œuvre : « Nous avons le feu vert de l’artiste pour restaurer l’œuvre. Ce qui va être assez simple malgré les apparences. Nous avions fait poser une épaisse couche de vernis marin sur la fresque pour la protéger, donc un jet d’eau puissant devrait décoller les traits et les coulures. Quant au visage, il faudra sûrement le repeindre en blanc. On s’en occupera après la période des fêtes. »

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