Le regret d’être mère

La sociologue Orna Donath a publié ce mercredi 20 novembre 2019 chez Odile Jacob, son essai « Le regret d’être mère ». Un ouvrage qui perce un tabou particulièrement présent dans notre société contemporaine.

Découvrir après coup qu’on était pas faite pour être mère… La sociologue israélienne Orna Donath, est bien calée sur le sujet. Depuis 2007, elle étudie cette question du regret d’être mère, qui demeure l’un des tabous ultimes de notre société. Son essai, publié mercredi 20 novembre en France, se penche sur les diktats de la maternité.

« Créer un débat »

La publication de ce texte est, pour l’autrice, le moyen de « créer un débat qui finira un jour par changer les choses ». Dans notre société patriarcale, où la place de la femme est toujours fragile, la question de la femme qui doit devenir mère est complexe.

« Le regret c’est quand une femme pense que c’était une erreur. Si elle pouvait remonter le temps avec la connaissance, l’expérience qu’elle a aujourd’hui, elle ne deviendrait pas mère. C’est encore, aujourd’hui, un immense tabou. Pour la société, l’intact maternel est naturel. Or, chaque femme ne vit pas de la même façon cette relation. »

Encore aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif de notre société, l’instinct maternel est naturel. Pourtant, il est évident que chaque femme vit sa relation à l’enfant de façon tout à fait subjective. Pour Charlotte Debest, sociologue et autrice, ce sentiment est particulièrement difficile à avouer parce qu’ « il remet en question l’identité de la femme, qui doit faire des enfants, censés être synonymes de bonheur pour leurs parents ».

#regrettingmotherhood

« Aujourd’hui, mon fils a 7 ans et j’étouffe. J’ai vraiment le sentiment d’avoir fait un enfant sous pression, pour faire plaisir, ne pas décevoir ». Peut-on réellement regretter d’être mère ? Telle est la problématique centrale de cet essai, qui compile 23 témoignages de mères de 25 à 75 ans.

A la question « Si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, avec la connaissance et l’expérience que vous avez aujourd’hui, seriez-vous une mère ? », leur réponse, à l’unanimité, est « non ». L’autrice explique alors que si la maternité peut être « une source de satisfaction personnelle, de plaisir, d’amour, de fierté, de joie et de contentement », cela peut être aussi dans le même temps, « un royaume de stress, d’impuissance, de frustration, d’hostilité et de déception, ainsi qu’une arène d’oppression et de subordination ».

C’est an Allemagne que le sujet a créé les polémiques les plus vives, et notamment sur la toile, avec le lancement du hashtag #regrettingmotherhood.

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