Vivons-nous les derniers temps de la femme qui enfante, après de douloureuses contractions ? Un scientifique conçoit un robot de grossesse, muni d’un utérus artificiel, pour donner naissance à un bébé humain. Si certains voient dans cette technologie une voie salutaire pour les femmes souffrant d’infertilité, d’autres soulèvent des questions éthiques et juridiques.
La technologie toujours plus loin. En Chine, une entreprise planche sur la création d’un « robot de grossesse », une machine humanoïde dotée d’un utérus artificiel, capable de mener une grossesse complète, de la conception à l’accouchement. Une telle création remettrait totalement en question la maternité telle que nous la connaissons depuis l’aube des temps.
« La technologie de l’utérus artificiel est déjà à un stade de maturité »
Comme le rapporte le média sud-coréen Chosun Biz, ce robot de grossesse est conçu par le Docteur Zhang Qifeng, fondateur de Kaiwa Technology, une entreprise basée à Guangzhou, dans la province de Guangdong en Chine. « La technologie de l’utérus artificiel est déjà à un stade de maturité, et elle doit maintenant être implantée dans l’abdomen du robot afin qu’une vraie personne et le robot puissent interagir pour obtenir une grossesse, permettant ainsi au fœtus de grandir à l’intérieur », a confié le scientifique.
Le robot de grossesse dispose d’un utérus artificiel et d’un tube de nutrition alternatif relié au cordon ombilical
Selon Zhang Chi Feng, le nouveau robot permet de réaliser le processus de fécondation et de croissance du fœtus jusqu’à la naissance, au bout de dix mois, presque comme une vraie femme. Il est doté d’un utérus artificiel imitant l’utérus humain. Cet organe fournit un liquide amniotique artificiel, pour recréer le milieu de croissance du fœtus, ainsi qu’un tube de nutrition alternatif lié au cordon ombilical pour acheminer les nutriments.
Une technologie déjà testée chez l’animal dans un corps robotisé
Pour bien faire les choses, le robot interagit en temps réel avec les humains et simule les étapes de la grossesse jusqu’à son terme. Le Dr Zhang Qifeng, professeur à l’université technologique de Nanyang à Singapour, précise que ce projet intègre une technologie déjà testée chez l’animal dans un corps robotisé. Il souhaiterait présenter le premier prototype humain en 2026.
Le robot de grossesse évitera les douleurs de l’enfantement aux femmes
Le Docteur Zhang Qifeng pense que ce « robot offre une solution potentielle pour les personnes souffrant de problèmes d’infertilité ou souhaitant éviter les charges physiques de la grossesse ». En d’autres mots, cette machine permettra d’une part aux femmes redoutant les douleurs de l’enfantement de les éviter ; et d’autre part aux personnes qui peinent à avoir des enfants d’en avoir. On rappelle qu’en Chine, le taux d’infertilité est passé de 11,9 % à 18 % en dix ans. Pékin s’en inquiète, car la population chinoise se fait vieillissante. Pour donner un coup de pouce aux couples, les autorités remboursent désormais partiellement les FIV.
« Enfin, les femmes n’auront plus à souffrir ! »
Sur les réseaux sociaux chinois (Weibo, Douyin), de nombreuses femmes réagissent positivement face à la possibilité de recourir à un robot grossesse. « Enfin, les femmes n’auront plus à souffrir ! » s’enthousiasme une internaute. « Je n’ai pas réussi mes trois FIV… c’est peut-être mon espoir d’avoir un bébé » confie une autre. En Europe, la nouvelle est également bien accueillie par la plupart des femmes, qui parlent de FIV inefficaces et d’endométrioses sévères. Pour elles aussi c’est une solution plus simple d’avoir des enfants.
Une technologie plus abordable que les mères porteuses
D’autres internautes évoquent une solution plus acceptable face aux mères porteuses, trop chères. D’après le fondateur de Kaiwa Technology, le robot de grossesse coûtera 100 000 yuans, soit presque 12 000 euros, alors qu’il faut débourser 100 000 dollars minimum aux Etats-Unis (environ 85 500 euros) pour embaucher une mère porteuse. En France, cette pratique est interdite, face aux dérives constatées dans certains pays où l’on exploite les femmes pauvres.
Ce robot de grossesse ne pourra pas remplacer l’expérience sensorielle, biologique et émotionnelle de la grossesse humaine
Mais cette avancée technologique majeure destinée aux couples infertiles soulève déjà des questions éthiques. Sur les réseaux sociaux, certaines femmes et de nombreux hommes se demandent quelle place notre société accordera demain à la maman avec ce type de robot. Beaucoup craignent une déshumanisation du lien mère-enfant, traditionnellement tissé pendant neuf mois dans le ventre maternel. Ils ne sont pas sûrs que l’on puisse vraiment remplacer l’expérience sensorielle, biologique et émotionnelle de la grossesse par une gestation externalisée, même ultra-sophistiquée.
Pourquoi ne pas limiter l’usage de ce robot grossesse aux femmes ayant un problème de fertilité ou d’accouchement ?
Malheureusement, toutes ces préoccupations pourraient ne pas être prises en compte quand le marché se mettra en place. Il faut absolument que les régulateurs limitent l’usage de ce robot grossesse aux femmes ayant un problème de fertilité ou d’accouchement. Hélas, cette restriction pourrait ne pas survenir et les portes seront grandes ouvertes, comme on le constate plus ou moins avec l’intelligence artificielle. La révolution technologique est en marche et personne ne pourra l’arrêter… à moins d’une révolte mondiale contre la science sans conscience.