« The Golden Glove » de Fatih Akin suscite le malaise a la Berlinade

Nous sommes une nouvelle fois confrontés à une éternelle problématique, concernant les limites de la création et les limites de diffusion autorisées ou juste acceptables. Le cinéma comme d’autres arts avant lui, s’est confronté à cette question. « The Golden Glove », présenté à la Berlinale, rentre dans cette catégorie. Ce film dur et très violent, a suscité des commentaires et des réactions parfois contrastés.

Le film a été réalisé par l’Allemand d’origine turque Fatih Akin. Ce n’est pas son premier film et il a déjà été distingué par l’Ours D’or en 2004 pour « Head-On ». « De l’autre côté », a obtenu le prix du scénario au festival de Cannes en 2007, enfin la comédie « Soul kitchen », a remporté le Grand Prix à la Mostra de Venise en 2009.

Cette fois, il a voulu adapter le roman d’Heinz Strunk, « The Golden Glove ». Il s’agit de la vie de Fritz Honka, un tueur en série qui a tué au moins quatre prostituées à Hambourg entre 1971 et 1974, et il gardait les corps découpés en morceaux dans son appartement.

Le film ne prend pas de pincettes, on y voit un homme parfaitement disgracieux avec un nez tordu, bossu, boiteux, les dents abîmées, qui s’attaque à des femmes pas vraiment mieux servies par la vie, souvent des anciennes prostituées alcooliques, vivants seules. Il les viole, les frappe et les tue. De fait, Fatih Akin nous entraîne dans les bas-fonds du monde, les laissés-pour-compte de toutes les époques et de toutes les régions.

Hélas, rien de bien originale, sauf que les scènes filmées sont comme on dit, d’une réalité confondante et donc d’une violence difficilement soutenable. Elles ont choqué nombre de personnes.

« Quand on fait un film sur la violence sexuelle, malheureusement, il faut la montrer« , s’est défendu Fatih Akin, lors d’une conférence de presse, alors que ces scènes ont choqué dès les premières projections. Fatih Akin, s’explique et concède, « je voulais vraiment rester le plus fidèle possible au livre, et malheureusement le résultat est que ça ne va pas être un film pour tout le monde ».

Il replace son film dans un éternel débat et une recherche sans fin. Il s’agit de trouver le juste-milieu entre, montrer la violence pour la dénoncer de manière suffisamment intelligente, pour ne pas avoir l’effet inverse et être amené d’une certaine manière, à la glorifier pour certains.

Pour défendre son film et de façon très opportuniste, il a réussi à englober le mouvement #MeToo dans sa réflexion « j’essaie d’être aussi vrai et honnête que possible, cet homme a tué ces femmes ». Il ne faut pas non plus que #MeToo créé une censure ».

Crédit photo : adi-goldstein

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