« La Terre des vertus », un docu engagé contre la bétonisation

« La Terre des vertus », un documentaire de Vincent Lapize sur les jardins d’Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis), menacés par les tractopelles, est sorti en salles le mercredi 4 juin. Ce film poétique et engagé nous embarque dans un voyage au long cours, de 2021 à 2024, au cœur de la lutte citoyenne pour la préservation des espaces verts face aux travaux des Jeux Olympiques de Paris.

Après Le Dernier continent, documentaire sur la zad de Notre-Dame-des-Landes en 2015, Vincent Lapize sort « La Terre des vertus », un film qui évoque la lutte citoyenne pour les espaces de vie résistant aux logiques du béton. Profondément politique, ce documentaire interroge notre rapport au vivant, à la ville et à la démocratie, à travers l’engagement de militants pour la sauvegarde des jardins des Vertus à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), menacés par les travaux des Jeux olympiques de Paris 2024.

La Terre des Vertus relate la lutte du collectif des Jardins Ouvriers

Dans La Terre des Vertus, Vincent Lapize raconte la mobilisation, entre 2021 et 2024, du collectif des Jardins Ouvriers des Vertus d’Aubervilliers face à deux projets menaçant ces lieux de vie. D’une part la construction d’un centre aquatique dans le cadre des jeux parisiens. D’autre part un projet de gare de la nouvelle ligne 15 du métro dans le cadre du Grand Paris. Le réalisateur s’appuie sur un mélange subtil d’images, de divers cadrages et de sons pour montrer l’intérêt d’un espace situé en pleine ville.

La Terre des Vertus remet en cause notre politique d’aménagement

Vincent Lapize relate la lutte de l’intérieur, selon les sensibilités respectives des habitants et des militants. Il donne notamment la parole à Viviane, Marie, Dolorès et Lila, qui tissent un lien de solidarité. Nazia, représentante de jardins à Tourcoing, eux aussi menacés, a également raconté son combat, dont l’enjeu n’est pas que local. En effet, celui-ci concerne plus largement la politique d’aménagement promue par la société et qui met en péril les jardins partagés, avec le béton côtoyant les végétaux et la faune.

Les jardins partagés, des lieux de respiration et de soin

Dans une interview accordée à Reporterre, Vincent Lapize présente les jardins partagés comme « des lieux de respiration, et presque de soin, pour celles et ceux qui y cultivent une parcelle ». Il s’agit « d’îlots de fraîcheur », où l’on retrouve du silence, de l’imaginaire, à la marge de la ville. Selon le réalisateur, ces espaces familiaux sont importants en outre pour des personnes issues de l’immigration, car ils permettent une forme de reconnexion intime avec des savoir-faire, une histoire et des souvenirs. « Cultiver un figuier ou un olivier, c’est à la fois s’enraciner et retrouver un morceau de chez soi », affirme-t-il.

Des lieux d’éducation et de sensibilisation pour les enfants

Ainsi, ces parcelles sont porteuses d’une mémoire, d’un écosystème et d’une culture. Par ailleurs, elles incarnent une autre manière d’habiter le monde, de vivre la ville et de coexister avec la nature. Enfin, ce sont des lieux d’éducation et de sensibilisation pour les enfants, qui peuvent y voir la faune et la flore, et donc apprendre ce qu’est le monde sauvage. Fort de cela, Vincent Lapize appelle à protéger ces aires. « Les détruire, dit-il, c’est commettre une erreur que l’on regrettera demain. Les préserver, c’est se donner une chance de reconstruire sur des bases plus saines ».

La Terre des vertus sélectionné pour des prix

Dans La Terre des vertus, Vincent Lapize a tenu à ne pas donner une fin à la lutte car celle-ci est perpétuelle. Elle s’inscrit dans des cycles, dans une continuité. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’issue, c’est ce que cela transforme en chemin », c’est un « espace de métamorphose », fait-il valoir. Le documentaire a déjà été sélectionné pour des prix au Brésil et au Bénin notamment. « Il a touché des personnes très éloignées de ce contexte, parce qu’il parle d’une question universelle : comment défendre le vivant face à ceux qui le nient »,  explique Lapize.

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