Paramount a annoncé lundi une OPA hostile de 108,4 milliards de dollars sur les mythiques studios hollywoodiens Warner Bros, quelques jours après que Netflix a fait une offre de 70 milliards. Le groupe de télévision et de cinéma fait valoir que sa proposition est meilleure car intégralement en numéraire et non monopolistique. Warner Bros dit avoir bien reçu la contre-proposition et qu’elle se prononcera d’ici 10 jours.
Offre contre offre. Paramount Skydance a annoncé lundi une OPA hostile de 108,4 milliards de dollars sur Warner Bros Discovery (WBD), le célèbre studio d’Hollywood derrière les films comme Casablanca (1942) et Barbie (2023), alors que Netflix avait déjà avancé 72 milliards de dollars quelques jours plus tôt, le vendredi 5 décembre. La guerre est donc déclarée entre les deux mastodontes.
Paramount peut compter sur le gendre de Donald Trump pour acquérir Warner Bros
Paramount a ficelé son OPA avec le soutien de trois fonds souverains du Moyen-Orient et du fonds d’investissement Affinity Partners de Jared Kushner, gendre de Donald Trump. Pour convaincre les investisseurs et les dirigeants de WBD, le groupe de télévision et de cinéma s’est dit prêt à financer son offre intégralement en numéraire, alors que celle de Netflix comportait une partie en actions (environ 16 %). Il fait également valoir qu’il veut acquérir l’ensemble du studio hollywoodien, y compris son portefeuille de chaînes de télévision, comprenant notamment CNN et Discovery. À l’inverse, le concurrent ne propose que de racheter une partie des activités (le studio Warner Bros et la plateforme de vidéo à la demande HBO Max).
Netflix promet de ne pas faire disparaitre le modèle de Warner Bros
Paramount Skydance prévient également les actionnaires de Warner Bros qu’avec un rachat par Netflix, les films du studio pourraient progressivement disparaître des salles obscures. En effet, le N rouge pourrait privilégier sa plateforme au détriment des salles de cinéma. Ce qui remettrait en cause le modèle de Warner Bros et déstabiliserait l’industrie cinématographique. Mais le co-PDG de Netflix Ted Sarandos a promis de maintenir le fonctionnement du studio, et de respecter pleinement les sorties en salles à la manière Warner Bros. « Nous n’avons pas acheté cette entreprise pour détruire sa valeur. Nous nous engageons pleinement à sortir les films [de Warner Bros.] exactement comme ils le font aujourd’hui… », a assuré le patron du géant du streaming mardi.
Paramount met en garde contre un risque de monopole avec le rachat par Netflix de HBO Max
Toutefois, Paramount avertit que les régulateurs pourraient recaler l’offre de Netflix en raison des risques de monopole. En effet, le rapprochement entre HBO Max (qui appartient à WBD) et Netflix réunirait deux des quatre plus grosses plateformes mondiales de vidéo à la demande payante avec Amazon Prime Video et Disney+. Netflix est la première plateforme de SVOD avec 310 millions d’abonnés et HBO Max la quatrième avec 128 millions d’abonnés. « En combinant HBO Max et Netflix, cela conduirait la firme à obtenir 43% de part de marché dans le monde et plus de 30% aux États-Unis », souligne David Ellison, PDG de Paramount et fils du fondateur Larry Ellison.
Warner Bros dit avoir bien reçu l’offre de Paramount
Or, avec Paramount+ (70 millions d’utilisateurs payants dans le monde, devant Apple TV+ et Canal+) et HBO Max, on aura seulement 200 millions d’abonnés, précise Ellison. Ce qui place l’ensemble à la hauteur de Disney+, mais toujours loin derrière Netflix. Dans un communiqué publié mardi, Warner Bros dit avoir bien reçu la proposition « non sollicitée » de Paramount. La compagnie affirme qu’elle « l’examinera avec attention » avec ses conseillers financiers et juridiques, avant d’émettre une recommandation d’ici le vendredi 19 décembre. En attendant, « le conseil d’administration ne modifie pas sa recommandation concernant l’accord avec Netflix », précise Warner Bros.
Donald Trump aura le dernier mot
L’industrie cinématographique attend désormais la réponse du studio hollywoodien, sous dix jours. Mais les regards sont aussi et surtout tournés vers l’administration Trump, qui aura le dernier mot. Quand on sait que Larry Ellison est un proche du président républicain et qu’il a financé sa campagne, on peut s’attendre à ce que le locataire de la Maison Blanche approuve l’offre de Paramount Skydance. À travers son gendre Jared Kushner, Donald Trump a d’ailleurs l’occasion de mettre la main sur CNN, média qu’il critique tout le temps, et de modifier sa ligne éditoriale en faveur de la sphère MAGA. Mais le président américain assure qu’il ne soutient aucune offre et qu’il étudiera d’abord le marché avant de prendre possession.