Connaissez-vous le « sharenting » ? Ce terme décrit l’utilisation des réseaux sociaux par les parents, pour publier des informations relatives à leurs enfants. Une tendance de plus en plus importante. Seulement voilà, poster des photos en ligne de son enfant est-il si innocent ? Comment réagiront certains enfants à l’adolescence en réalisant que de nombreuses informations à leurs sujets sont d’ores et déjà partagées ?
La société Faireparterie, créatrice de faire-part personnalisables, a souhaité connaître les rapports qu’entretenaient les parents français au numérique. La société a interrogé 1 011 parents à ce sujet. Une étude passionnante sur un phénomène inédit.
Une empreinte numérique avant même de voir le jour
L’empreinte numérique désigne l’ensemble des traces laissées volontairement (ou non) par un utilisateur sur le Web (serveurs, messageries, moteurs de recherche, etc.). Cet enjeu est au centre d’un intense débat au niveau international depuis plusieurs mois, qui a été amorcé depuis l’entrée en vigueur du RGPD (Règlement général sur la protection des données) au sein de l’UE. Non sans raison : chaque jour selon l’UNICEF, plus de 175 000 enfants se connectent à Internet pour la première fois de leur vie. Cela représente un enfant toutes les demi-secondes.
Or, près d’un tiers des bébés ont une empreinte numérique avant même de voir le jour. En effet, les femmes sont de plus en plus adeptes d’Internet et des réseaux sociaux pour annoncer leur grossesse. Publication de la première échographie, photo de leur ventre qui s’arrondit… de nombreux parents créent aujourd’hui une empreinte numérique de leur enfant quand celui-ci n’est encore qu’à l’état d’embryon. Selon l’étude de Faireparterie, près de 25 % des jeunes parents annoncent désormais leur grossesse à leurs proches via Facebook.
90 % des parents d’enfants de moins de 8 ans laissent une empreinte numérique de leur progéniture sur Internet
Une fois l’enfant né, l’empreinte numérique ne s’arrête pas là. Environ 90 % des parents d’enfants de moins de 8 ans laissent une empreinte numérique de leur(s) enfant(s) sur Internet. En effet, une grande partie des parents postent des photos de leur(s) enfant(s) sur les réseaux sociaux. Ce phénomène appelé « sharenting », néologisme issu de la contraction de « share », qui signifie partager, et « parenting », être parent, est donc de plus en plus fréquent et pose quelques questions éthiques. Qu’en est-il de l’empreinte numérique des enfants et de la protection de leur vie privée en ligne ?
Au total, près de deux tiers des personnes interrogées ont publié des photos en ligne où l’on voit le visage de leurs bambins. Parmi les parents ayant pris part à l’étude, 36 % ont déjà utilisé une photo de leur enfant en guise de photo de profil. Que faudrait-il faire ? En parler à ses enfants directement avant de le faire alors qu’ils ne sont pas réellement en âge de comprendre ? Selon les résultats de l’enquête, seuls 7 % des parents ont abordé le sujet avec leur enfant quand 73 % des interrogés n’ont jamais discuté de ce sujet.
Une problématique inédite, à laquelle les générations précédentes n’avaient jamais été confrontées. Le respect de la vie privée, le rôle des parents et l’empreinte digitale se mêlent et posent des questions délicates. Ainsi, peut-on publier des photos de nos enfants en ligne ? Où commence le narcissisme, où s’arrête le simple plaisir de partager des photos de famille avec nos proches ?
Pour l’instant marginaux, ces sujets seront de plus en plus sensibles, notamment quand les premiers enfants de la « génération Y » seront adolescents ou adultes, et reprocheront à leurs parents de les avoir exposés publiquement sans leur consentement.
L’instauration de règles pour encadrer l’utilisation des écrans
Point positif néanmoins, la quasi-totalité des parents instaure des règles pour encadrer l’utilisation des écrans par leur(s) enfant(s). Ainsi, 58 % des parents incitent leurs enfants à s’épanouir sans écran quand 40 % d’entre eux évitent d’utiliser leur smartphone devant eux. 32 % ont également décidé d’interdire toute utilisation d’un smartphone à table.
Cette étude a été menée en France avec l’institut de sondage Gece, sur un échantillon de 1 011 parents d’enfants de moins de 8 ans.