Médecine esthétique et réseaux sociaux : comment éviter les arnaques ?

Influencés par leurs idoles sur les réseaux sociaux, les jeunes sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la médecine esthétique. Sans, parfois, mesurer les risques de telles pratiques qui, si elles sont réalisées illégalement, peuvent se révéler très dangereuses. Pour éviter toute mésaventure, quelques réflexes simples s’imposent pour se prémunir des arnaques.

Leur villa à Dubaï. Leurs voyages paradisiaques. Leurs habits, montres et voitures de luxe. Et surtout, leur physique de rêve : bouche pulpeuse, nez parfait, jawline dessinée, yeux de biche, fesses rebondies… Qu’on adore les détester, ou qu’on déteste les adorer, une chose est sûre : ils — et souvent elles — ne laissent personne indifférent. Les influenceur.se.s seraient 150 000 en France, d’après le Journal du Dimanche. Récemment, 150 d’entre eux ont signé une tribune dans laquelle ils refusent d’être présentés comme une « menace » : « notre industrie est une richesse, une chance pour la France », écrivent ces créateurs de contenus.

La parution de ce texte ne doit rien au hasard. En ce moment même, l’Assemblée nationale est en train d’examiner une nouvelle proposition de loi, qui vise justement à « lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux ». Objectif des députés : définir une bonne fois pour toutes ce que sont les influenceurs et imposer le même cadre réglementaire à tous ceux d’entre eux qui s’adressent à un public français. Mais, surtout, mettre fin aux dérives qui font régulièrement la Une des médias : arnaques aux cryptomonnaies, publicités pour l’alcool, placements de produits douteux, vente de contrefaçons, etc.

 

L’influence des réseaux sociaux sur les jeunes

 

La nouvelle loi prévoit aussi d’interdire aux influenceurs de faire la publicité de techniques de médecine esthétique et les obligera à signaler à leurs abonnés les contenus retouchés ou modifiés par un « filtre ». En effet, si les influenceur.se.s font souvent parler d’eux, c’est parce qu’ils véhiculent, par leur image, une vision particulière de la beauté. Que ce soit par l’utilisation de ces fameux filtres, ou en ayant elles-mêmes recours à la médecine ou à la chirurgie esthétique, les stars d’Instagram ou de TikTok contribuent à banaliser ces pratiques chez les plus jeunes. À un âge où l’apparence compte plus que tout, avoir les fesses de Kim Kardashian ou le nez de Nabilla devient le rêve absolu pour des millions d’adolescentes.

Un rêve né sur les réseaux sociaux, qui se réalise dans la vraie vie. Les chiffres sont formels : aujourd’hui, les 18-34 ans ont plus recours à la chirurgie esthétique que les 50-60 ans. En 2020, après les confinements, le nombre d’interventions de chirurgie esthétique a bondi de 20 %, et certaines cliniques ont même connu une augmentation de 40 % de leur activité. La demande explose, mais la nature des actes change aussi. Aujourd’hui, les jeunes femmes qui franchissent, photo de leurs idoles en main, la porte des cabinets esthétiques, « ont toutes les mêmes standards en tête, et savent même à quelles interventions leurs modèles ont eu recours pour y arriver », observe la chirurgienne plastique Christelle Santini.

Liposuccion, augmentation mammaire et rhinoplastie sont désormais les opérations les plus demandées par les jeunes, à côté des injections d’acide hyaluronique, des lipofillings et des fameux « BBL » (Brazilian Butt Lift) et « Baby Botox ». En résumé, si « avant on combattait les effets du temps qui passe sur le corps, maintenant, les jeunes y vont pour anticiper des signes de vieillesse. Des jeunes femmes font ainsi du “’botox préventif”’ : elles figent le muscle avant que les rides apparaissent », constate la journaliste Anne Riou.

 

Une démocratisation par les réseaux sociaux qui n’est pas sans risques

 

Problème : avec une demande qui explose et un cadre juridique flou, les arnaques et dérives se multiplient. Sur Instagram ou TikTok, on ne compte plus les comptes qui proposent, illégalement, des interventions esthétiques à « des tarifs alléchants pour des moyens limités (…) réalisées par des personnes qui ne sont pas médecins », met en garde le docteur Eric Plot. Le phénomène prend tellement d’ampleur que le syndicat des médecins esthétiques (SNCPRE) a sonné l’alarme dès l’année dernière contre ces injecteurs illégaux. D’après sa secrétaire générale, « avec la pandémie, de nombreux faux professionnels ont investi les réseaux sociaux. Ils proposent des prestations extrêmes : bouches marquées, très gros seins, très grosses fesses, yeux de biche ».

« Une véritable économie parallèle s’est montée en quelques années. Celle-ci s’est engouffrée sur un vide juridique : l’acide hyaluronique, utilisé pour les injections, est en vente libre. Sans parler des fois où l’on injecte de l’huile de paraffine ou du silicone industriel », dénonce encore Catherine Bergeret-Galley, du SNCPRE. Or ces interventions sont, évidemment, très risquées. Réalisées par des escrocs (hommes comme femmes), sans précautions sanitaires et parfois avec des produits contrefaits, ces opérations clandestines peuvent entraîner des effets secondaires gravissimes : croûtes noires, déformations du visage, nécroses du nez, paralysies, amputations, infections, hépatite C, etc.

 

Nos conseils pour aborder au mieux votre opération de médecine ou chirurgie esthétique

 

Faut-il pour autant céder à la panique et renoncer à la médecine esthétique ? Non, heureusement. Si elles font beaucoup parler d’elles, les dérives et arnaques ne représentent qu’une infime minorité du secteur.

Ainsi, rassurez-vous : l’immense majorité des médecins esthétiques sont des professionnels sérieux, bien formés et compétents, en qui on peut avoir toute confiance. Mais pour se protéger au maximum des mésaventures, quelques étapes simples doivent être absolument respectées :

– Demandez-vous où vous avez trouvé votre praticien : recherche Google, conseil d’amie, réseaux sociaux ?… Gardez à l’esprit, qu’en France, la publicité pour la médecine esthétique est interdite sur les réseaux sociaux : si vous avez identifié un praticien sur un compte Instagram ou TikTok qui vous promet des injections à prix cassé, cela doit être pour vous un red flag !

 

– Après avoir identifié un praticien potentiel, réalisez des recherches élémentaires sur son expertise, ses expériences passées, voire les avis et commentaires des anciens patients. C’est une étape incontournable. Et sans doute la plus importante.

 

– L’heure est venue de se rendre dans son cabinet. Vérifiez toujours que vous avez bien accès à l’information pré-contractuelle, c’est-à-dire à une documentation qui met en garde contre les éventuelles complications d’un acte chirurgical.

 

– Si votre praticien est un professionnel éthique et intègre, qui respecte la déontologie médicale, il doit aussi évaluer si la demande qui lui est faite est réaliste et qu’il ne s’agit pas d’une réponse erronée à un phénomène de dysmorphie, un trouble mental obsessionnel portant sur des défauts physiques imaginaires.

 

– Etape suivante, le médecin esthétique doit, toujours, présenter un devis détaillé, daté et signé à son patient avant l’opération qu’il vous invitera à lire avec attention.

 

– Vérifiez enfin que votre praticien respecte un délai de réflexion entre la visite initiale et l’acceptation du devis de votre part. Si ce délai est légalement de 15 jours pour la chirurgie esthétique, aucune durée n’est précisée pour la médecine esthétique, même si un délai de 7 jours est considéré comme une durée raisonnable.

 

Si tout ces éléments sont respectés, vous pouvez aller sereinement à votre opération et profiter ensuite des résultats.

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