Féminisation et numérisation, les deux défis des conseils d’administration

Les conseils d’administration sont confrontés à la nécessité de leur mutation. Entre une féminisation encore trop faible et un manque de compétences digitales, du chemin reste encore à parcourir.

 

Briser le fameux « plafond de verre ». C’était l’objectif de la loi « relative à la représentation équilibrée au sein des conseils d’administration », adoptée en janvier 2011, qui institue une obligation de parité relative au sein des boards des entreprises cotées et des ETI réalisant au moins 50 millions d’euros de chiffres d’affaires. Concrètement, la loi « Zimmermann-Copé » oblige les conseils d’administration et de surveillance de ces entreprises à compter au moins 40% de femmes en leur sein, à partir du 31 décembre 2017 (et 2020 pour les ETI). Les compétences numériques ou digitales manquent également à l’appel.

 

Dans les conseils d’administration, des femmes encore à la marge

Si les entreprises cotées et celles du CAC 40 comptaient respectivement, fin 2016, 38,4% et au moins 40% d’administratrices, force est de constater que seules 14% des entreprises non cotées avaient rempli leurs obligations en la matière. Le décalage est donc grand avec les attentes du législateur…et de la société. La féminisation des conseils d’administration est pourtant facteur d’opportunités, dont il serait contreproductif de ne pas se saisir.

Obligation légale ou pas, qu’on se le dise : être une femme ne suffit pas pour intégrer un board essentiellement composé d’hommes. La confiance est la clé. Florence Sandis, auteure de « Briser le plafond de verre. 12 clés pour réussir au féminin » (Michel Laffont, 2017), distille dans un article des Echos ses conseils aux candidates aux plus hautes fonctions. A commencer par un brin d’audace : si on ne demande pas, on n’obtient rien. L’idéal est aussi de trouver un sponsor, une personne à la carrière déjà bien remplie, en quête de transmission plus que de conquête de pouvoir.

Témoignage de Viviane de Beaufort, présidente de Women Be European Board Ready


Être visible est un autre impératif, par exemple en candidatant à des trophées et en invitant ses mentors à la remise des prix. Enfin, la moyenne d’âge des administratrices étant de 55 ans, mieux vaut justifier d’une solide expérience dans son domaine de compétences. Est-ce à dire que les trentenaires et quadra sont condamnées à ronger leur frein ? Il n’en est rien : elles aussi ont toutes leurs chances, à condition d’apporter une expertise pointue dans un domaine dans lequel leur jeune âge est un atout, comme le digital.

 

Le digital, un atout et une nécessité pour les conseils d’administration

Car aucune entreprise n’échappe aujourd’hui à la transformation numérique – ni aucun conseil d’administration. Ces cénacles feutrés, longtemps marqués par un certain culte du secret et de la confidentialité, ont mis du temps à se réinventer.

« L’apparition de solutions de dématérialisation a considérablement changé la donne, expliquait ainsi Yves Garagnon, PDG de l’entreprise DiliTrust pour l’Opinion. Le dirigeant de DiliTrust, une entreprise qui fournit des solutions dématérialisées aux conseils d’administration, égrène ainsi les avantages, tant sécuritaires que logistiques, à passer au zéro-papier.

« Désormais, il suffit d’une tablette sécurisée et d’une offre en SaaS pour bénéficier de davantage de données pour un niveau de sécurité largement supérieur. L’élimination des frais de messagers, de déplacement des membres et du temps de préparation permettent une réduction de coûts et des efforts de gestion. » poursuit l’expert.

Sylvie Des Rosiers, adjointe executive de l’entreprise canadienne Prevtec Microbia, Inc

Il existe sur le marché de nombreuses offres commerciales qui permettent désormais d’accéder à un conseil d’administration digitalisé. Pour des entreprises françaises, à un cloud grand-public géré depuis une adresse email lambda, on préfèrera d’ailleurs recourir à une entreprise certifiée ISO 27001, qui offrira toutes les garanties de sécurité nécessaires.

Seul obstacle à cette transformation ? La maîtrise de l’outil numérique par une population généralement peu technophile.

C’est peut-être là où la cause des femmes et celles des nouvelles technologies se rejoignent : en favorisant des profils jeunes, technophiles et féminins, les conseils d’administration pourraient répondre aux impératifs de diversité que la loi et nombre d’actionnaires réclament déjà de façon pressante.

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