Le temps de trajet, critère de plus en plus déterminant dans la recherche d’emploi

Avec la généralisation du télétravail, la crise sanitaire a rebattu les cartes du marché de l’emploi.  Le temps de trajet domicile-travail devient une priorité pour les candidats. Les entreprises s’adaptent à ces nouvelles aspirations, à l’image d’EDF avec son initiative « Welcome », ou de de l’association d’entreprises « Les dirigeants responsables de l’Ouest » qui misent sur le « travail rapproché ».

 

Des responsabilités, des possibilités d’évolution, une équipe et une ambiance de travail agréables, et bien-sûr un salaire à la hauteur de ses espérances… : les critères présidant au choix d’un nouveau poste sont connus et, penserait-on, immuables. C’était sans compter sur la pandémie de Covid-19 et les bouleversements que le virus a entraînés dans chaque aspect, ou presque, de nos vies. Une récente enquête menée par CleverConnect pour Meteojob révèle ainsi que la localisation géographique du poste convoité s’est imposée en tête des priorités des candidats (60%), loin devant le contenu des missions (50%) ou le salaire proposé (44%).

 

Sans surprise, les attentes des candidats sont également plus élevées en ce qui concerne leur temps de trajet domicile-travail. Ainsi, ils sont désormais 28% (contre 22% en 2020) à déclarer n’accepter qu’un trajet inférieur à 30 minutes, et seuls 22% seraient prêts à réaliser des trajets de plus d’une heure, contre 27% l’année précédente. Comment expliquer cette soudaine mise en avant des problématiques liées au lieu de travail et au temps de trajet domicile-travail, si ce n’est par les nouvelles habitudes nées de l’adaptation des entreprises et de leurs salariés aux contraintes dues à la pandémie de Covid-19 – au premier rang desquelles le recours de plus en plus massif au télétravail ?

 

Génération télétravail

 

Ainsi, toujours selon le baromètre réalisé pour le site de matching professionnel Meteojob, plus de sept candidats sur dix souhaiteraient aujourd’hui pouvoir télétravailler au moins trois jours par semaine. Et plus d’un candidat sur deux (56%) estime que le télétravail est un critère clé, la même proportion se déclarant prête à travailler à des horaires atypiques et 39% disposés à accepter un poste moins intéressant s’il leur est possible de télétravailler. Enfin, 4% des candidats déclarent que la possibilité de travailler à distance représente même, désormais, le premier critère lorsqu’ils postulent à une offre d’emploi.

 

Pour Louis Coulon, co-fondateur de CleverConnect, qui a réalisé l’étude en question, « le télétravail est un des éléments qui a le plus impacté les candidats et rebat les cartes pour les entreprises. Celles ayant déployé un mode de travail hybride ont donc un avantage indéniable pour attirer les candidats, qui sont eux-mêmes prêts à faire des sacrifices – sur leurs missions, leurs responsabilités ou même leur rémunération – pour télétravailler ». Parmi bien des avantages, le télétravail permet notamment de limiter – voire de supprimer tout à fait – les trajets domicile-travail, qui représentent, en effet, souvent une source de stress pour les salariés.

 

Une autre étude, réalisée par BVA en 2018 pour le compte de Salesforce, mettait ainsi en lumière le fait que pour un tiers des salariés, le temps de trajet domicile-travail comportait un réel impact négatif, que celui-ci porte sur leur bien-être personnel ou sur leur équilibre vie personnelle / vie professionnelle, ou encore sur leur concentration ou leur productivité au travail. Bien avant la crise sanitaire et ses conséquences, les salariés exprimaient donc déjà une forte attente de solutions de la part de leur employeur, 73% d’entre eux estimant que ces solutions concrètes devaient provenir de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient.

 

Les entreprises se lancent dans le « travail rapproché »

 

Et si le monde de l’après-Covid était celui de la démobilité ? Apparue avant la pandémie, l’expression recouvre « une idée simple, pour le professeur associé à Sciences Po Julien Damon : il s’agit, tout en cherchant à accompagner les aspirations croissantes à la mobilité, de diminuer les déplacements pénibles ». Des trajets « pénibles » dont font incontestablement partie les déplacements domicile-travail, entre embouteillages pour les uns et transports en commun bondés pour les autres. Ces aspirations à la démobilité, partagées tant par les salariés que certaines entreprises, se traduisent par exemple par la création d’espaces de coworking ou encore de « tiers-lieux » permettant de réduire tant le temps de travail que les déplacements.

 

Disposer d’un espace professionnel dédié distinct du domicile tout en limitant le temps de trajet des salariés, c’est le principe du projet « Welcome » proposé par EDF à ses collaborateurs et étendu, depuis le début de l’année, de l’Ile-de-France à plusieurs régions de l’Hexagone. Une innovation RH qui permet aux salariés volontaires d’exercer leur travail, un à deux jours par semaine, sur un autre site EDF plus proche de chez eux. « Welcome est un exemple concret pour concilier qualité de vie, performance et neutralité en CO2. Cette innovation RH prend tout son sens avec la crise sanitaire qui a accéléré la mise en œuvre des projets liés à l’organisation du travail», explique Christophe Carval, DRH Groupe.

 

Certaines entreprises vont encore plus loin, en ouvrant leurs portes à des salariés d’autres sociétés, à l’image du collectif d’entreprises « Les dirigeants responsables de l’Ouest » situés en région nantaise. Une forme de « travail rapproché » qui fonctionne, là où il est développé, sur le principe de la réciprocité entre entreprises et qui, au-delà des économies réalisées en termes de temps de trajet et d’émissions de GES, permet aussi aux salariés de découvrir une autre culture d’entreprise et d’autres méthodes de travail. Bref, une solution gagnant-gagnant et bien dans l’air du temps.

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