Il y a urgence aux « urgences » des hôpitaux

Cela commence par une constatation, que La Palice n’aurait pas reniée. Pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, s’il y a un engorgement aux urgences, c’est qu’il y a trop de monde. Heureusement, la suite du raisonnement va peut-être faire un peu bouger les choses, car il semblerait que ce service soit devenu le lieu, où arrivent des personnes qui devraient être soignées ailleurs, et n’ont pas de pathologies à caractère véritablement « urgent ».

La ministre a ainsi déclaré lors de l’émission “Questions politiques » sur France Inter/France Info/Le Monde, « il y a un problème clair au niveau des urgences, elles sont totalement engorgées parce que la majorité des personnes qui s’y présente, ne devraient pas y être« . Comme souvent, il faut prendre le problème en amont et en l’occurrence, « réorganiser la médecine de ville » qui ne prend plus en compte des personnes, des cas, et de situations, qui au bout du compte aboutissent aux urgences, faute de mieux.

Bien sûr, si la ministre en parle, c’est pour annoncer royalement, que le problème est en train d’être étudié. Il est le sujet d’une mission sur les « soins non-programmés », pour limiter le recours aux urgences. Celle-ci, a été confiée au début de l’année au médecin urgentiste et député (LREM) Thomas Mesnier. Ce rapport doit être remis « avant la fin de la semaine prochaine« , a précisé Mme Buzyn. Reste à savoir, ce que l’on en fera après.

Néanmoins, la réflexion ne s’arrête pas là, et s’il apparaît urgent de désengorger les urgences à certains moments. En contrepartie, la ministre fait constater que ces mêmes services « ne sont pas tendus tous les jours et toutes les semaines« . Visiblement, ces services vont décliner eux-aussi ce magnifique concept, très à la mode de flexibilité. Mme Buzyn, disant « travailler avec les urgentistes« , veut instaurer « la capacité à ouvrir des lits en période d’épidémie, car c’est de ça dont les hôpitaux manquent« . Autrement dit, comment faire plus avec les mêmes moyens, cela ne va forcément pas plaire à tout le monde, surtout dans le milieu médical, qui se plaint régulièrement, et souvent à juste titre de manquer cruellement de moyens. L’association Samu-Urgences de France, affirme que « plus de 15 000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences » depuis le début de l’année « faute de lits pour les hospitaliser dans un service« .

Puisque l’on a commencé par une vérité de La Palice, finissons par une autre évidence de la ministre, qui fait remarquer tout de même que l’on « ne peut pas s’émouvoir chaque année de l’engorgement des urgences aux mois de décembre, janvier, et février, et ensuite ne pas se vacciner contre la grippe ». Il est vrai qu’il incombe aux différents gouvernements de gérer les affaires au mieux, et de rendre des comptes, mais si on peut y ajouter un peu de civisme de chacun, cela ne ferait certainement pas de mal.


Crédit photo : Christian

 

2 Commentaires
  1. Malheureusement c’est la tendance depuis longtemps et ça ne va probablement pas s’arrêter, devoir faire pareil (voire plus « rentable » !) avec moins de moyens… Chaque fois qu’il y a un drame les politiciens s’émeuvent sur le coup et pof on oublie et les soignants retournent à leur quotidien qui devient un calvaire 🙁 à nous d’être solidaires de leurs luttes, ensuite. (ps : je ne sais pas si tu as un lien ou pas avec le monde médical, mais j’ai évoqué la question dans mon dernier article, les retours critiques, remarques etc sont bienvenues !)

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