Plein phare sur le plus prestigieux des concours de beauté ! Dans son livre « Miss France, du rêve à la réalité », publié le lundi 8 septembre, Hubert Guérin raconte le faste qui entoure cette compétition, mais dénonce aussi les violences sexuelles dont les candidates sont victimes dans le silence total des organisateurs. À travers ce livre, le professeur d’histoire veut montrer l’envers du décor et peut-être susciter un Metoo des Reines de beauté.
Il n’y a pas que des strasses et des paillettes dans un concours de beauté. Le lundi 8 septembre 2025, Hubert Guérin, professeur d’histoire et géographie, a publié aux éditions Vérone, « Miss France, du rêve à la réalité », un livre qui fait des révélations explosives sur le concours de beauté le plus prestigieux d’Hexagone, dénonçant notamment des violences sexuelles. Au total, 60 élues nationales et régionales ont témoigné dans cet ouvrage choc, selon son auteur.
L’envers du décor de Miss France
Hubert Guérin est le dernier collaborateur de Geneviève de Fontenay, patronne du concours Miss France de 1981 à 2010, et décédée le 1er août 2023. Un an après avoir publié « Les derniers secrets de la dame au chapeau », entièrement consacré à son ancienne cheffe, l’enseignant de 27 ans publie « Miss France, du rêve à la réalité » pour dénoncer des faits de harcèlement et de violences sexuelles sur les Reines de beauté.
Cet ouvrage tiré à 15 000 exemplaires s’est rapidement retrouvé en rupture de stock dès les premières heures de sa sortie. Signe qu’il détonne vraiment ! Et pour cause. Si les faits d’agression ou de droit de cuissage sont évoqués sous d’autres cieux, c’est la première fois que de telles accusations sont portées ouvertement en France.
Des fellations forcées, des viols, des poitrines palpées…
Au micro de RTL, Hubert Guérin parle de tout type d’agression. « Ça part de la main aux fesses jusqu’à des agressions sexuelles, c’est-à-dire très concrètement des fellations forcées, des viols, des poitrines palpées dans le cadre d’une photo de groupe, etc. », précise-t-il.
Selon l’auteur, ces violences protéiformes concernent aujourd’hui 10 % des candidates à tous les échelons du concours. Elles auraient lieu lors de séances photos, de voyages de préparation à l’étranger et même le soir de l’élection. En somme, chaque situation serait propice a des agressions sexuelles par des membres de l’organisation Miss France, souvent au plus haut sommet.
Quatre pages de témoignages de présumées victimes
« Celles qui m’ont parlé ne sont pas médiatiques, ne font pas partie de la Miss France Familly », détaille le professeur. Sur les prés de 500 pages que compte l’ouvrage, Hubert Guérin consacre 4 pages aux présumées victimes, qui ont témoigné sous couvert de l’anonymat. L’une d’elles affirme avoir été violée quelques heures après l’élection, dans sa chambre. « On me pousse contre le lit, on me traite de tous les noms et on me déchire la robe », raconte-t-elle. « Le lendemain de mon sacre, je suis forcée à faire une fellation », témoigne une autre.
Guérin, qui assure que l’idée du livre vient de Geneviève de Fontenay, jure n’avoir pas « été chercher les témoignages, ni le thème des agressions sexuelles pour faire le buzz » car « c’est un sujet trop grave » et on « parle de faits graves, judiciairement condamnables ».
La société Miss France dit ne pas pouvoir « juger de la véracité de ces allégations »
Trois jours avant la publication du livre, la société Miss France avait indiqué dans un communiqué avoir « pris connaissance des allégations rapportées mettant en cause des faits de violences sexuelles et d’atteintes a l’intégrité des candidates, qui se seraient déroulés entre 1990 et 2002 ». L’organisation déplore que l’auteur n’ait pas « cité nommément les personnes concernées » pour fixer la vérité dans le marbre. Ainsi, elle dit ne pas pouvoir « juger de la véracité de ces allégations ».
L’entité présidée par Frédéric Gilbert note « néanmoins, [que] s’ils étaient avérés, ces faits toucheraient à des sujets qui nous concernent tous profondément : la sécurité, la dignité et le respect de chaque femme ». Aussi, elle « tient à réaffirmer que le concours célèbre les femmes, dans le respect, la dignité et la bienveillance ».
Des Miss récusent les affirmations de Hubert Guérin
Si Ludivine Langlois, Miss Nièvre 2016, confirme dans une interview accordée au Parisien avoir été victime de harcèlement sexuel et dénonce « un manque de contrôle », plusieurs Reines de beauté ont rejeté les affirmations de Hubert Guérin et nié avoir témoigné pour le compte de son livre. C’est le cas de Sylvie Tellier, ancienne Miss France et ex-directrice générale de Miss France, et de Camille Cerf, élue en 2015.
La première dit n’avoir jamais eu vent de ces agressions sexuelles au sein de l’organisation, et invite l’auteur à réclamer justice devant les tribunaux et non dans un livre. La seconde affirme qu’elle n’a « jamais discuté avec Hubert Guérin » et que « ce qu’il dit à [son] sujet est faux et inventé de toutes pièces ».
Des révélations pour un MeToo Miss France
Hubert Guérin pointe, lui, une omerta et une pression insoutenable dans les concours de beauté. Les filles seraient harcelées et invitées au silence. D’où le fait que certaines auraient témoigné sous anonymat. Avec son ouvrage, M. Guérin veut en tout cas faire passer un message, celui de ne plus fermer les yeux devant les agressions sexuelles visant les miss France. Le professeur appelle d’ailleurs la société Miss France à agir concrètement pour mettre à ces dérives.
Il recommande notamment de donner réellement les moyens aux comités locaux, départementaux et régionaux d’assurer la protection des candidates. « On ne peut pas envoyer plus de 15.000 jeunes filles par an dans les mains de prédateurs sexuels. C’est tout l’enjeu du MeToo Miss France » fait-il valoir auprès de 20 Minutes. Selon lui, « il ne s’agit pas d’attaquer une institution pour attaquer une institution » mais « pour dire, avant toute autre chose, qu’il y a des victimes ».