La réalisatrice palestinienne Maysaloun Hamoud, visée par une fatwa

Quand on est une femme palestinienne, on n’est pas seulement confronté aux réalités politico-religieuses de la région, mais aussi au poids d’une société qui obéit aux conventions sociales au Moyen-Orient. Le dernier film de Maysaloun Hamoud, explore la vie quotidienne des femmes à travers la vie de trois Palestiniennes à Tel-Aviv.
Comme souvent, cette démarche ne va pas sans provoquer des remous, et même aller jusqu’à faire l’objet d’une fatwa qui condamne à mort la réalisatrice. C’est la scénariste et réalisatrice palestinienne Maysaloun Hamoud qui l’a elle-même annoncé. Elle précise que selon elle, c’est la première fois depuis soixante-dix ans qu’une fatwa est publiée contre un Palestinien. Apparemment, pour certains, il faut aider les Palestiniens, mais à condition qu’ils respectent l’ordre des choses.
Son film « Bar Bahar – In between », ou « Je danserai si je veux » pour la version française, raconte l’histoire de trois jeunes femmes palestiniennes qui décident de vivre leur vie comme elles l’entendent. Laila, une jeune avocate, et Salma, une serveuse DJ, accueillent dans leur appartement de Tel Aviv, Nour, une étudiante plus jeune et plus religieuse qu’elles. L’arrivée de cette étudiante aux perceptions différentes va créer des tensions qui vont disparaître au profit d’un constat commun, une femme ne devrait pas avoir à se battre pour vivre comme elle le veut.
Le spectateur va suivre le cheminement de ces trois femmes à travers leur volonté de vivre pleinement. Pour cela, la réalisatrice n’évite pas d’évoquer la drogue, l’alcool, et même l’homosexualité pour mettre en relief les carcans familiaux et religieux, et les tabous de la société arabe israélienne.
Soyons clair, nous ne sommes pas en présence d’un monument du cinéma, le scénario est donc assez classique, les personnages plutôt standards et le tout manque de complexité. Le ton est assez « léger » et pourrait presque faire penser à une série télévisée américaine.
Même si au bout du compte, la cinéaste s’attaque plus au sexisme qu’à la religion, cela a suffi pour susciter les réactions des fondamentalistes. Maysaloun Hamoud, savait que les réactions ne se feraient pas attendre, mais peut-être pas si virulentes. À Oum el-Fahem (village dont est originaire Nour, l’une des héroïnes du film), la municipalité a dénoncé le film « de bas niveau, sans le moindre élément de vérité ».
Le film a remporté des prix dans de nombreux festivals, dont le prix NETPAC du meilleur film asiatique à Toronto et le prix TVE Un autre regard du meilleur film LGBTI à San Sebastian. Il sortira en France le 12 avril.

Crédit photo : Roland Zink

 

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