La Cour suprême américaine se penche depuis mardi sur l’interdiction des thérapies de conversion pour mineurs LGBT+ dans le Colorado. Cet examen se fait dans le cadre de l’affaire Chiles contre Salazar, un combat judiciaire entre conservateurs chrétiens et progressistes. Il devrait porter sur la liberté d’expression, protégée par le premier amendement de la Constitution des États-Unis.
La Cour suprême des États-Unis examine depuis le mardi 7 octobre l’interdiction des thérapies de conversion pour mineurs LGBT+ dans le Colorado, décidée il y a six ans. Elle mène cet examen dans le cadre de l’affaire Chiles contre Salazar, un combat judiciaire entre conservateurs chrétiens et progressistes.
Les thérapies de conversion pour ramener l’individu à son genre d’origine
Mais que sont-ce les thérapies de conversion pour mineurs LGBT+ ? Grâce à un accompagnement psychologique et parfois spirituel (comme au Brésil), ces pratiques prétendent modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne pour la rendre hétérosexuelle car l’homosexualité serait une maladie. Mais des études scientifiques les jugent nocives et totalement inefficaces. Ces thérapies sont interdites dans une vingtaine d’États américains et dans de nombreux pays, dont la France depuis janvier 2022. Un rapport présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2020 les assimile même à de la torture.
L’Académie américaine de psychiatrie estime que ces pratiques manquent de crédibilité scientifique
Après plusieurs années de débats, l’État du Colorado, considéré comme progressiste, a adopté en 2019 une loi interdisant aux soignants de pratiquer sur une personne mineure des thérapies visant à éliminer toute attirance pour des personnes du même sexe. Cette interdiction s’appuie sur les conclusions d’un rapport de l’Académie américaine de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, qui estime que la thérapie de conversion « manquait de crédibilité scientifique » et provoquait des risques accrus de « dépression, d’anxiété, de pensées suicidaires, voire de tentatives de suicide ».
Kaley Chiles pratique les thérapies de conversion pour mineurs LGBT+ au nom de sa foi chrétienne
Mais une conseillère en psychologie du Colorado Springs, Kaley Chiles, a contesté en justice cette loi, affirmant qu’elle violait le premier amendement de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression. Elle affirme que des enfants « motivés intérieurement » sollicitaient volontairement son aide pour se sortir de l’homosexualité.
Au nom de sa foi chrétienne, Kaley Chiles veut les aider à « réduire ou éliminer les attirances sexuelles non désirées, à modifier leurs comportements sexuels ou à développer une harmonie avec leur corps physique », conformément au « dessein de Dieu » pour eux.
Un groupe de défense conservateur apporte son soutien à Kaley Chiles
Fin 2022, la justice a reconnu en première instance le droit du Colorado d’interdire certains traitements aux professionnels de santé. En 2024, une cour d’appel fédérale a confirmé cette décision, en déclarant que la loi posait une règle de déontologie professionnelle qui n’affectait qu’« accessoirement » la liberté d’expression.
Kaley Chiles a alors saisi la Cour suprême avec l’aide de l’Alliance Defending Freedom (ADF), un groupe de défense conservateur opposés aux droits des personnes LGBTQ et transgenres, à l’avortement et au mariage homosexuel. La Cour a accepté d’examiner ce dossier en mars 2025.
Les thérapies de conversion pour mineurs LGBT+ causeraient des dommages psychologues
Récemment, l’ADF a affirmé que le Colorado n’a pas prouvé les risques présentés par l’accompagnement psychologique des mineurs désirant revenir à leur sexe ou genre biologique. L’organisation estime également que le Colorado a réduit au silence les conseillers psychologiques et privé des familles en détresse de l’aide qu’elles recherchent auprès d’eux. Elle exhorte les magistrats à « mettre fin à cette censure insensée et nuisible ».
Dans un texte publié dans le quotidien britannique The Guardian ce lundi, des chercheurs ont accusé l’ADF d’avoir « profondément » déformé leurs recherches, qui mettaient en avant les « dommages psychologiques » des thérapies de conversion. La Cour suprême, dominée par des magistrats conservateurs, doit entendre les plaidoiries des avocats de Kaley Chiles.