23 % des parents estiment que leurs enfants ont déjà été exposés à du porno

 

Une nouvelle étude OpinionWay, commandée par l’association Ennocence, indique que 23 % des parents estiment que leurs enfants ont déjà été exposés à des images à caractère pornographique. Des parents impuissants face à ce constat, puisque ces expositions sont bien souvent accidentelles, les enfants tombant sur ces images explicites en surfant sur des sites de streaming, de live streaming ou de téléchargement illégaux, fourmillant de publicités X.

Tous les parents le savent, mais peu osent se l’avouer. En surfant sur Internet, leurs enfants, même très jeunes, ont toutes les chances d’être déjà tombés sur des sites pornographiques, ou sur des fenêtres de publicité les renvoyant sur de telles pages. Un phénomène mondial, qui n’épargne aucune famille. Selon certaines estimations, un visiteur de site pornographique sur dix serait un enfant…de moins de 10 ans. S’ils ont conscience des dommages que le visionnage de telles scènes peuvent causer chez les plus petits, leurs parents se retrouvent souvent désarmés. Et ce alors que la publicité à but pornographique devient à la fois plus agressive et plus intrusive, s’infiltrant, par exemple, sous la forme de fenêtres « pop-up », qui surgissent de plus en plus depuis les sites de live streaming sportif et de téléchargement illégal.

Le live streaming, nouvelle porte d’entrée vers la pornographie

Avec la multiplication des outils numériques – ordinateurs, tablettes, smartphones –, l’accès à la pornographie est plus aisé que jamais. Quelques clics suffisent aujourd’hui, que l’on soit un adulte averti ou un enfant. Les enfants, justement, sont en première ligne : selon une étude publiée, en septembre dernier, par Catalin Munteanu, un chercheur de l’entreprise Bitdefender, 42% des mineurs qui fréquentent les sites pornographiques sont âgés de 15 à 18 ans, 36% de 10 à 14 ans et même 22% ont moins de 10 ans. Chez le fournisseur de logiciels antivirus et de contrôle parental, on estime que cette « étude permet de déduire que les enfants commencent à visiter des sites Web pornographiques à un âge précoce ».

Pas étonnant, à la lecture du second sondage OpinionWay pour l’association Ennocence, qui s’est fixée pour objectif de protéger les enfants des risques de l’exposition à la pornographie sur Internet. Selon cette étude, le visionnage de vidéos sur des sites de streaming ou de téléchargement illégaux est l’un des principaux loisirs des enfants. 55 % d’entre-eux s’y adonnent selon leurs parents, 33 % au moins une fois par semaine. Un problème, quand on sait que ces sites sont truffés d’images à caractère pornographique, apparaissant souvent sous la forme de fenêtres pop-up.

En 2015, les membres de l’association Ennocence publiaient un rapport, intitulé « Réseaux sociaux, streaming, live streaming et téléchargement illégal : nouvelle porte d’entrée des enfants vers le monde de la pornographie ». C’est en effet souvent en visitant ces plateformes – qui, illégales, ne se soumettent pas aux règles publicitaires qu’appliquent les sites légaux, notamment en termes d’accès à la pornographie – que l’internaute, quel que soit son âge, est mis en relation avec des publicités le renvoyant vers des sites pornographiques. Un véritable déferlement de contenus X qui constituent bien souvent la première exposition des enfants à la pornographie, d’autant plus violente qu’elle est involontaire.

Selon l’association Ennocence, 66% des parents ont déjà dû répondre aux questions de leurs enfants qui avaient visionné du contenu pornographique, « imposé » depuis un site de streaming – souvent du live streaming d’évènements sportifs – ou de téléchargement illégal. Près de huit enfants sur dix affirment également qu’ils n’ont pas eu accès à ces images de leur plein gré. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que sept parents sur dix considèrent que les sites de streaming constituent un danger pour leur progéniture. « Ces publicités aguicheuses voire franchement explicites renvoient la plupart du temps à des sites qui ne respectent pas la loi française sur la protection des mineurs », selon Thomas Rohmer, de l’association La voix de l’enfant. « Il serait temps que les pouvoirs publics fassent un peu de ménage pour bloquer ces sites illégaux », dont le seul objectif « est de générer d’énormes audience qui leur rapportent, chaque année, plusieurs centaines de millions d’euros », poursuit-il.

Un « viol de l’imaginaire »

L’échec d’Hadopi illustre pourtant la difficulté qu’ont les autorités publiques à lutter contre ces pratiques. De même, il est impossible pour les parents d’avoir constamment un œil sur ce que font leurs enfants sur Internet, alors que 57% d’entre eux y vont quotidiennement. Alors que plus de sept glissements vers des sites classés X sur dix seraient dus à l’apparition de fenêtres « pop-up », seul le visionnage des plateformes officielles de VOD et de live streaming semble en mesure d’offrir aux parents, et à leurs enfants, une navigation sécurisée et un accès à des contenus contrôlés. En somme, la protection des enfants sur Internet passe par un savant mélange de dialogue parents-enfants, par l’instauration de barrières efficaces sur les outils informatiques du foyer et par le choix responsable de plateformes qui ne sacrifient pas la sécurité des plus petits sur l’autel de la rentabilité.

D’autant que les conséquences de cet accès à la pornographie sont potentiellement désastreuses. Selon la philosophe et sexologue Thérèse Hargot-Jacob, les enfants et adolescents « sont confrontés à des images pornographiques (…) alors qu’ils n’ont pas eu le temps de développer leur propre imaginaire érotique (…). Ces images agissent comme un viol de l’imaginaire ».

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