#SaccageParis : les Parisiens se rebiffent

Voilà une révolte que la municipalité n’avait pas prévue : depuis plusieurs semaines, le hashtag « #saccageParis » occupe les tendances de Twitter. Des internautes parisiens outrés de l’état de délabrement de leur capitale accusent la municipalité de la saccager par une mauvaise politique de gestion des ordures et l’imposition d’un mobilier urbain laid et en décalage avec l’esthétique de la ville. Une accusation reprise dans les médias américains, britanniques et allemands, que balaie la mairie de Paris qui préfère pointer du doigt une manipulation de l’extrême droite. Récit d’un mouvement qui n’est pas près de s’éteindre.

Nids de poule sur la chaussée, tags omniprésents, mobilier urbain dégradé, immondices qui débordent des poubelles, des parcs à l’abandon… Et si le hashtag « #SaccageParis » disait tout haut ce que des dizaines de milliers de Parisiens pensaient tout bas ? Voilà des années que ceux qui protestaient contre la dégradation de la ville de Paris étaient balayés d’un revers de la main par les responsables politiques de la municipalité, accusés d’exagérer et de n’être qu’une poignée de grincheux.

En quelques jours, ce sont des dizaines de milliers de tweets qui fleurissent pourtant sur ce hashtag et autant de messages et de photos pour montrer à la face de la France, voire du monde, l’état pitoyable dans lequel se trouve la capitale française. Des photos qui ont d’ailleurs alerté les médias américains, britanniques et allemand (et même nigérians et australiens !), eux aussi inquiets de l’évolution de la situation à Paris.

Des tweets qui dénoncent à la fois la mauvaise gestion des ordures et le mauvais entretien de la voirie, mais plus globalement, l’ensemble de la politique d’aménagement de la Mairie : une politique légitimée à coup de « consultations citoyennes » et d’images de synthèses savamment dessinées par des agences de communications ou des cabinets d’architectes, mais qui finit immanquablement par enlaidir la ville.

Fontaines sans eau, espaces verts en voie de disparition, parterres de fleurs inexistants et surtout bétonisation à outrance. Une mauvaise gestion dont le symbole le plus éclatant aura été le tronçonnage de la glycine centenaire de Montmartre, « malencontreusement » abattue par les services de la mairie.

Petit florilège :

 

Du côté de la Mairie, après avoir dénoncé « une campagne de dénigrement », Anne Hidalgo a préféré pointé du doigt « une manipulation de l’extrême droite ». Les Parisiens apprécieront.

#saccageparis

Acculée, la maire a finalement concédé l’existence d’un « problème parisien » en ce qui concerne la saleté, promettant de décentraliser cette gestion aux mairies d’arrondissement. Une bonne idée (qui émerge après 6 ans à la tête de la municipalité), reste à savoir si ce transfert de pouvoir s’accompagnera d’un transfert de budget.

Il n’empêche, le mouvement sur Twitter ne désemplit pas et un dialogue de sourds semble émerger entre la municipalité et les Parisiens, qui ne demandent par à leurs élus de « réinventer » la ville, mais simplement d’entretenir ce qui était déjà un joyau hors du commun. À croire que la beauté minérale de ce qui était « la plus belle ville du monde » en dérange certains, préférant une esthétique « ZAD », plus conforme à leur vision de la politique. Une dégradation de l’environnement qui, étrangement, préserve certains quartiers, comme le Marais, où la plupart des élus parisiens ont leurs appartements personnels.