Expositions de bijoux : les nouvelles coqueluches des musées 

Les bijoux seraient-ils les nouveaux tableaux ? Depuis quelques années, les musées observent un phénomène auquel ils ne s’attendaient peut-être pas : les expositions de joaillerie attirent un public de plus en plus important. Explications. 

Les commissaires d’exposition aux commandes 

Si les joailliers fournissent les collections de bijoux, ce sont les commissaires d’exposition qui prennent la main pour mettre en scènes toutes ces magnifiques parures. Comme le souligne Pierre Rainero, directeur de l’image, du style et du patrimoine de Cartier : « Nous fournissons des pièces issues de nos collections, des prêteurs privés sont sollicités, mais le commissariat est toujours assuré par l’exposant ou par une tierce personne ». Nicolas Bos, président de Van Cleef & Arpels va dans le même sens : « Chaque musée apporte son point de vue. Et c’est précisément ce qui nous intéresse. Laisser faire les équipes dont c’est le métier est devenu un souci déontologique pour les marques, un garde-fou contre les discours trop marketing et, finalement, la clé du succès ». Jusqu’au 23 février 2020, vous pouvez d’ailleurs retrouver la magnifique exposition Van Cleef & Arpels : le temps, la nature, l’amour au Palazzo Reale de Milan qui vous proposent une rétrospective de plus de 400 pièces et documents.

Les expositions de joaillerie attirent de plus en plus de visiteurs

Les approches des différents musées varient d’un établissement à l’autre, pour notre plus grand plaisir : tantôt didactique, tantôt esthétique ou historique. Depuis quelques années, les plus grandes expositions se sont succédées, dans les plus belles institutions du monde : au Musée des arts décoratifs à Paris, au Met de New-York ou encore au Mori Art Museum de Tokyo. Une constante s’observe : la fréquentation ne cesse d’augmenter et le public se déplace en masse. L’exposition Cartier à Pékin avait par exemple attiré plus de 600 000 visiteurs. Cette dynamique se fait sentir au sein des marques comme au sein des musées. Les grandes enseignes de joaillerie ont pour la plupart, multiplié les acquisitions de pièces historiques pour constituer le patrimoine de leur collection. 

Exposition « Bulgari, la storia il sogno » présentée cet automne à Rome

Luxe et culture : des liens particuliers et historiques

Les dirigeants des maisons s’en réjouissent : « Nous avons tissé des liens qui favorisent les regards croisés » précise ainsi Nicolas Bos. « Des pièces Van Cleef & Arpels sont en permanence prêtées à droite à gauche. En ce moment, des bijoux choisis parmi les 1 500 que comptent nos archives sont présents dans six expositions différentes ». À noter également que les liens entre l’industrie du luxe et de la culture ne sont nouveaux et ont souvent été fructueux. Dans les années 1920 et 1930 par exemple, les Expositions universelles déchaînent les foules et mettent en avant joailliers et couturiers qui participent activement à l’émergence de courants artistiques comme l’Art déco. Si la période d’après-guerre se fait plus critique, à cause notamment de la résurgence de considérations commerciales, les années 1980 refont la part belle aux départements joaillerie. Les collections des plus grandes fortunes commencent à se disperser aux enchères, entraînant un nouvel intérêt artistique et culturel des maisons de ventes et des musées. 

Des histoires fascinantes

Une question subsiste quand même : qu’est-ce qui attire réellement le public dans ces expositions ? Certes, la beauté des pièces et l’excellence du savoir-faire intéressent, mais par-dessus tout, c’est l’histoire qui fascine. Les petites et les grandes histoires qui entourent ces boucles d’oreilles, ces colliers et ces bagues scintillantes. Ajoutons à cela la part de mystère et d’intimité qui émane de certaines pièces et vous obtenez un savant mélange qui explique la passion que nous éprouvons pour les bijoux d’exception. 

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