Confinement : le maire d’Osaka demande aux femmes de ne plus faire les courses, car elles ne seraient pas assez efficaces

Ce jeudi 23 avril, le Maire d’Osaka Ichiro Matsui a provoqué une petite polémique sur les réseaux sociaux en déclarant que les femmes prenaient trop de temps pour faire les courses, ce qui compliquant ainsi le respect du confinement face au Covid-19.

« Les hommes foncent sur les articles qu’on leur a demandé d’acheter et ils s’en vont, donc je pense que ce serait une bonne chose qu’ils fassent les courses, pour éviter les contacts humains ». Interrogé en conférence de presse, le maire d’Osaka a livré une analyse pour le moins surprenante et controversée du confinement dans sa ville. Prenant exemple sur son propre foyer, il a déclaré que les femmes « prennent du temps quand elles regardent les produits, et qui hésitent entre ceci et cela », compliquant le respect des distances de sécurité et du confinement qui doivent être respectées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Maire de la troisième ville du pays, Ichiro Matsui a surtout suscité une petite polémique au Japon, mais aussi et surtout en Occident. Sur Twitter, des centaines de milliers de messages indignés sont apparus pour critiquer et dénoncer ces propos sexistes.

Le difficile confinement japonais

Au Japon, le gouvernement et les autorités locales rechignent à prendre des mesures coercitives pour faire respecter le confinement, et se contentent donc pour l’instant de recommandations et misent sur la légendaire « discipline nippone ». Il est donc simplement conseillé aux Japonais de limiter leur déplacement et leurs interactions sociales… Avec un succès relatif. Car dans les grandes villes et les transports en commun, il y a encore beaucoup de monde, et pour cause : la culture du travail au Japon est encore très hermétique au télétravail.

Dans la plupart des grandes zones urbaines, les logements des particuliers sont souvent plus petits qu’en Europe et surtout, la culture du papier est encore très présente dans le monde professionnel. Tout document d’entreprise doit notamment être tamponné par le hanko, le sceau officiel de l’entreprise. Un tampon qui ne peut pas quitter les locaux de la compagnie. Autant d’éléments qui expliquent les difficultés de la mise en place du télétravail au Japon, et le respect très relatif du confinement pour l’instant.

Les propos du maire d’Osaka s’inscrivent dans une véritable « épreuve du feu » pour la classe politique japonaise, complètement déboussolée par l’épidémie de Covid-19 et qui multiplie les déclarations à l’emporte-pièce depuis plusieurs semaines. Après avoir fermé les écoles dès le 27 février et les avoir rouverts partiellement le 6 avril, le gouvernement a ainsi dû fermer à nouveau les établissements scolaires après qu’une centaine de cas y ait été signalés.

L’impérieuse nécessité de protéger l’économie nippone, atone depuis de nombreuses années, met le gouvernement japonais en fâcheuse posture. Pour l’instant, avec 300 morts sur 126 millions d’habitants, le Japon demeure plutôt préservé par la vague épidémique mondiale.

Une résilience due à une véritable expérience du corps médical en la matière, habitué de longue date à gérer les catastrophes naturelles (séismes, ouragans) industrielles (catastrophe de Fukushima) et épidémiques (Sras, grippe aviaire). De fait, le Japon est le premier pays au monde en nombre de lits d’hôpital par habitant.

Pas encore de commentaires

Les commentaires sont fermés